Et c’est là tout le drame. Pendant que certains débattent pour savoir si le corps d’une héroïne de jeu vidéo est « assez sexy » pour les joueurs masculins, des millions de vraies femmes se battent en société pour simplement exister sans être réduites à un simple corps, un fantasme, un jouet, un truc qu’on utilise et qu’on jette après usage.
Encore une polémique débile sur l'héroïne d'un jeu, "accusée" de n'être pas assez sexy (au premier regard, j'ai cru que l'image du début de l'article était une blague... non, c'est leur vraie demande).
Vous êtes des grands tarés les mecs.
Toutes les violences sexuelles sont adossées à des formes culturelles. Deux sont bien identifiées : la culture du viol et la culture de l’inceste. Le troisième corpus que je propose, cette culture du féminicide, est la pièce manquante qui vient verrouiller le système des violences sexuelles.
Il m’a semblé nécessaire d’inventer cette notion pour penser des choses qu’on ne voyait pas, ou plus. Ainsi, la culture du féminicide désigne l’ensemble des représentations, des idéologies et des stéréotypes qui racontent et justifient les meurtres de femmes. C’est-à-dire leurs motifs, au double sens du terme : pourquoi on tue les femmes, et comment.
La culture du féminicide se décline à travers de nombreuses formes, savantes ou populaires. Celles-ci vont de la poésie à la série télé, en passant par la peinture, l’opéra, le music-hall, la chanson et le polar. Mais il est crucial de distinguer le féminicide symbolique de sa représentation réaliste.
La scène de la douche dans [le film] Psychose est réaliste. A côté de cela se trouve un autre continent, celui des féminicides symboliques, composé des métaphores et allégories qui signifient le meurtre d’une femme. Un exemple entre cent : le tour de magie de la «femme sciée en deux», qui fait florès à partir du XIXe siècle.
[...]
Cependant, on n’observe pas cette fascination sexo-reproductive pour le corps des hommes. Et puis, il y a d’autres scénarios qui relèvent de la culture du féminicide, comme l’érotisation de la défunte, du corps inanimé, qui n’existe pas davantage vis-à-vis du masculin.
Le fantasme nécrophile, qu’on retrouve chez Edgar Allan Poe, débouche sur l’affaire Pelicot. Les viols de Mazan relèvent de la culture du féminicide, et cela, à mon avis, n’a pas été suffisamment noté.
Ce backlash anti-féministe prend un essor inquiétant au sein de la génération des 15-24 ans, plus directement concernée par l’influence des réseaux sociaux puisqu’elle n’a quasiment jamais rien connu d’autre. Mais soyons aussi lucides. Chez les générations plus âgées, il n’était pas bien vu non plus pour une femme de «collectionner» les aventures, alors même qu’elles étaient valorisantes pour les hommes. Les plus vieux et les plus âgés se retrouvent ainsi étrangement unis autour de ce qui a toujours fait consensus socialement : le rejet et la coercition des femmes et des filles.
C'est terrifiant de voir comment en au moins 3 siècles, des Liaisons dangereuses à TikTok, la mentalité des hommes n'a pas évoluée : un homme qui multiplie les conquêtes est un Dom Juan, une femme qui fait de même est une salope.
Allez, encore un truc bien déprimant que vous avez sans doute déjà vu passer : les stéréotypes de genre repartent à la hausse, surtout chez les plus jeunes, et en grande partie "à cause" des réseaux sociaux. J'ai l'impression qu'on vient de perdre une décennie, comme un goût de travail à reprendre à zéro.
Pour plus de la moitié des 11-17 ans, les mères savent mieux s’occuper de leurs enfants que les pères. Et 23 % des jeunes adultes pensent qu’un enfant qui n’est pas en âge d’aller à l’école risque de souffrir si sa mère travaille. Un taux d’adhésion similaire à celui des 70 ans et plus. Cécile Jolly, co-autrice du rapport de 370 pages, observe une «assignation des femmes au care [l’attention portée aux autres, ndlr] très ancrée chez les adolescents».
Comme ça n’a pas été assez dit par son compagnon : merci et bravo Philippine ! La fraîcheur de tes propositions culinaires, tes yeux crayonnés de noir et tes manchettes rouges nous manqueront. Peut-être viendrons-nous dans ton restaurant, un jour où Charles se sera absenté de préférence.
Et bam ! Pour vous résumer l'article : l'auteure déplore les comportements et propos sexiste du compagnon cuisinier de la jeune femme, qui participait avec elle à l'émission "Top chef", et qui est aller jusqu'à s'approprier ses créations sans la citer, ou lui demander, carrément, de se taire.
Selon le droit canonique n’importe quel baptisé, membre du clergé ou simple laïc, peut être désigné. Du moment qu’il est de sexe masculin. J’ai donc, moi, qui suis baptisé, même incroyant, une plus grande possibilité théorique d’être élu pape que n’importe quelle grenouille de bénitier ou mère supérieure prestigieuse.
[...]
On s’habitue mais, à bien y réfléchir, que dirait-on d’une association, d’une entreprise, d’un parti politique qui stipulerait dans ses statuts que tous les postes d’encadrement sont réservés aux hommes, que tous les sièges du conseil d’administration ou du bureau politique sont interdits aux femmes ? Que dirait-on d’une structure d’encadrement qui interdirait à ses membres de se marier ou même d’avoir des relations sexuelles ?
[...]
Les principales religions sont formatées par la domination masculine. Il existe bien quelques pasteures protestantes, quelques rabbines. Ça va de l’enfer islamiste en Afghanistan, où les femmes sont chosifiées et martyrisées, au simple et classique conservatisme catholique.
Ça me fait penser à ce vieux dessin de Charlie, où on voit un curé, un rabbin et un imam, assis dans un canapé avec les pieds posés sur le dos d'une femme à quatre pattes, jouant le rôle de la table basse...
EDIT : retrouvé
https://sammyfisherjr.net/galerie/photos/Religions/religions-patriarcat.jpg
Via la newsletter (ouais, encore une newsletter) HugoDécrypte :
Cette enquête en 2 parties s'intéresse à la situation financière des femmes dans les pays occidentaux, et montre les écarts de richesse et de revenus entre les sexes. Il met en lumière les mécanismes qui contribuent à appauvrir les femmes tout au long de leur vie, des mécanismes qui sont souvent inconscients.
Une image vaut mille mots, tout ça... A l'intention de tous ceux qui ne voyaient pas le problème avec Bianca Censori et sa "robe" transparente.
En début d’année, Dorian Signargout a également fait sensation avec Minami Lane, développé en binôme avec sa compagne.
Non, mon Canard, non purée ! "sa compagne" elle a un nom bordel.
En l’occurrence, elle s'appelle... Doriane. Ça ne s'invente pas.
Pan sur le bec mon canard(PC).
Une source : https://playstationinside.fr/minami-lane-interview
Doriane Randria même. (merci JV le mag sur ce coup - N°108)
Au-delà d'une hypothétique opposition homme/femme (même s'il y a un vrai sujet sur le sexisme et les jeux genrés), je trouve cet article intéressant du point de vue de l'opposition entre "avoir les codes" ou ne pas les avoir.
Et c'est fou le nombre de choses qui nous paraissent évidentes lorsque l'on a l'habitude des jeux vidéo : murs invisibles, ennemis concons, devoir quitter une zone pour activer l'événement suivant, comprendre que telle zone est une arène, etc.
Dans un article pour The Gamer, le journaliste Mike Drucker s’exclamait que nous enseignions mal le jeu vidéo aux gens. L’absence de patience, l’incapacité à réaliser que notre langage n’est pas partagé par la personne en face, que nos références ne sont pas connues, que trop d’informations saturent la pensée. C’est un peu comme passer son permis : vous ne pouvez pas demander du premier coup à quelqu’un de faire attention à toutes les infos sur la route alors qu’il ne sait pas encore manipuler son volant. Il faut alors trouver le bon jeu pour introduire les gens : pas trop de 3D, pas trop de skill requis, des visuels engageants, de la coop' pour partager l’expérience ou du mignon pour rassurer, les réponses varient évidemment selon la personne.
Les femmes ont longtemps été exclues du processus de recrutement à la Nasa, puisque seuls des pilotes de chasse, donc des militaires, et donc des hommes, pouvaient espérer se rendre dans l'espace. "La profession d'astronaute a été structurée par une forme de masculinisme", résume le sociologue Arnaud Saint-Martin, coauteur du livre Une histoire de la conquête spatiale, des fusées nazies aux astrocapitalistes du New Space.
[...]
"Les normes culturelles et les modèles féminins dans la représentation des matières Stem jouent un rôle fondamental dans l'apprentissage et le développement des enfants", déclare de son côté l'ESA à franceinfo. L'agence dit avoir lancé des actions visant "à remettre en question les stéréotypes de genre en montrant aux jeunes filles que leur potentiel n'est pas limité".
De fait, c'est tout un imaginaire qui doit être modifié. Alice Gorman dénonce un sexisme généralisé et ancré de longue date. L'archéologue australienne souligne que les femmes restent "les principales personnes qui gèrent le foyer, effectuent davantage de travaux non rémunérés", et qu'"elles risquent leur carrière en ayant des enfants".
Toutefois, féminiser présente aussi des arrières pensées :
"On vend une image à travers ces figures consensuelles et sympathiques, qui visent à 'inspirer'", cingle aussi le sociologue Arnaud Saint-Martin. Toutefois, le spécialiste rappelle que "les cosmonautes [soviétiques] étaient les envoyés d'un régime qui n'était pas particulièrement démocratique", tandis que, "par certains aspects, les Etats-Unis sont un régime démocratique en crise depuis très longtemps". Selon lui, il existe toujours "une instrumentalisation de la figure de l'astronaute à des fins de soft power, de valorisation de modèles culturels qui se veulent vertueux".
Bref, envoyer des femmes dans l'espace, c'est pas l'objectif ultime. L'objectif ultime, c'est la lutte contre le sexisme. Et ça, ça commence au ras du sol.
Hein ? Quoi ? Le masculin n'est pas neutre ? Oh, surprise, ô traitrise de woke !
Ah non M. Finkielkraut, calmez-vous, c'est le CNRS qui le dit.
De fait, le français met à notre disposition différentes stratégies permettant une meilleure représentation des femmes et des minorités de genre dans ses usages. Il est possible de distinguer deux types de stratégies.
D’une part [...] le recours à des termes épicènes, c’est-à-dire des termes qui ne varient pas en fonction du genre. [...] Cela passe aussi par l’usage de mots génériques tels que « personnes » ou « individus ». Également par des formules englobantes avec des singuliers collectifs : « l’équipe » (ou l'orchestre, la population...)
[...]
D’autre part, les stratégies dites « féminisantes »
Ah, on me signale le placement en PLS de M. Finkielkraut.
qui reposent notamment sur la féminisation des noms de métiers, de fonctions et de qualités : « professeur » = « professeure » ; « Madame le directeur » = « Madame la directrice » ; « L’écrivain Virginie Despentes » = « L’écrivaine Virginie Despentes ». Autre exemple, la double flexion, également appelée « doublet », qui consiste à décliner à la fois au féminin et au masculin les mots : « les lecteurs de cet article » = « les lecteurs et les lectrices de cet article »
[...]
Pour le cerveau, le masculin n’est pas neutre
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« Nous avons fait lire à nos sujets un court texte portant sur un rassemblement professionnel et leur avons demandé d’estimer le pourcentage d'hommes et de femmes présents à ce rassemblement. Lorsqu’il s’agissait d’une profession non stéréotypée – c’est-à-dire exercée de manière égale par des hommes et des femmes – et lorsque nous avions recours au masculin dit “générique”, les sujets sous-estimaient la proportion de femmes dans le rassemblement. En revanche, lorsque nous utilisions une double flexion, les sujets estimaient un ratio correspondant au ratio effectif dans la société. »
Le fait d’être écrivain « tout court » (sans étiquette) reste pour elle, en France, l’apanage d’écrivains français blancs et de sexe masculin. « Dans ce qui reste un bastion masculin », la qualité littéraire est jugée, « l’universel » est pensé à partir de représentations masculines.
[...]
Beaucoup d’encre a coulé, notamment autour de la parution du Manifeste pour une littérature monde en français, sur la distinction problématique entre « littérature française » et « littérature francophone » : la littérature française est généralement pensée comme ne faisant pas partie de la littérature francophone, ce deuxième ensemble regroupant la littérature en français produite hors de France mais aussi par des écrivains de nationalité française mais pas de l’hexagone, voire des écrivains « hexagonaux » perçus comme ayant des appartenances multiples. L’œuvre d’auteurs d’origine antillaise, d’autrices ou auteurs noirs comme Marie NDiaye, ou la littérature « beur » ou ¡« de banlieue », ont ainsi pu être rangées dans la catégorie « francophone » plutôt que « française ».
On a beaucoup dit que j'étais dure. On a pu dire que j'ai été agressive. Je pense qu'il y avait un fond de vérité, même si je le mets toujours en balance avec le fait qu'on dit d'un homme journaliste qui poserait la même question avec le même ton que moi, "il est pugnace, il en a !" Si c'est une femme, on dit "ah elle est agressive".
Ça peut paraitre anodin, et ça ne remet aucunement en question les qualités ludique du jeu, sachant par ailleurs que celui-ci est largement queer-friendly, et que l'éditeur de personnage est assez puissant pour donner à son avatar l'apparence que l'on veut (jeune/vieux, gros/maigre, petit/grand...), mais les persos par défaut (origines, c'est ça ?) sont quand même sacrément stéréotypés, et cette blague me le fait sauter aux yeux.
A ma gauche : Ombrecoeur, que l'on qualifiera de prêtresse guerrière pour simplifier : petite, mince, ventre plat ; à ma droite, Gayle, magicien : grand, musclé, avec des abdos à faire pâlir un culturiste.
Comme le fait remarquer avec humour la légende de l'image ("Where do you work out ? At the library"), ce n'est pas le cursus "professionnel" de Gayle qui lui a permis d'obtenir ce corps d’athlète. Il fait peut-être beaucoup de sport sur son temps libre, mais là n'est pas le problème : ces deux corps sont des stéréotypes.
Beaucoup de choses intéressantes dans ce shaare, merci.
Je voulais juste réagir sur :
>voila un parfait exemple du coté clivant en question: l'auteur du tweet n'a insulté personne [...] Le fait de bloquer l'auteur initial illustre bien une volonté d'exclusion et qu'on est de moins en moins dans cette démarche de communication autour des sujets de désaccord, et c'est malheureux parce que c'est de l'absence de communication que nait la violence et la radicalisation des uns contres les autres.
Sur la question de l'insulte, il n'est que besoin de lire les autres tweets du monsieur :
La librairie a très bien fonctionné à cet endroit pendant des années avant l’arrivée funeste de ces dames.
Bon, j’admets, c'est un peu léger niveau insulte, mais on va quand même pas dire que c'est un compliment. "L'arrivée funeste", cela revient tout de même à dire que leur seule présence lui a rendu la librairie infréquentable.
Sur la question de la volonté d'exclusion, je trouve qu'il ne faut pas charrier. La morale catho de tendre l'autre joue, tout ça... très peu pour moi. C'est tout de même lui qui a jugé utile de faire un tweet pour expliquait qu'il ne mettrait plus les pieds dans cette librairie, et que in fine il souhaitait la voir disparaître "le marché à choisi" etc. et, volontairement ou non, mais je note tout de même qu'il n'a absolument rien fait pour calmer les ardeurs de la meute, il est à l'origine d'une vague de cyberharcèlement. Pas coupable, peut-être, responsable certainement, et complice complètement.
Et, au risque de me répéter, la contradiction flagrante entre le "je n'y mettrai plus les pieds" initial et le "ouin ouin elles m"ont bloqué" final est assez délicieuse : on peut pas tout avoir mon vieux.
Au final, son tweet de vieux macho aigri a (largement) contribué à sauver ce qu'il abhorrait : https://www.causette.fr/culture/livres/la-librairie-feministe-un-livre-et-une-tasse-de-the-victime-de-cyber-harcelement-pour-son-engagement-politique
Et ça, c'est plutôt cool.
EDIT : ça me revient, j'ai lu au passage des commentaires comme quoi une librairie n'a pas à être politique etc. Et les librairies La Procure par contre, pas de soucis. C'te rigolade.
Racisme, sexisme, vulgarité, cyberharcèlement. Un personnage bien sympathique ma foi.