Vendredi, à Nice, les forces de l’ordre ont tendu une bâche noire sur la devanture d’une librairie pour cacher des collages féministes avant la visite de Gérald Darmanin dans la ville. Mais l’opération n’a fait que montrer ce qu’elle voulait cacher : l’impunité accordée aux puissants, explique la journaliste, qui accuse PPDA de l’avoir violée en 1993.
Quittez. Les. Réseaux. Sociaux.
Twitter, Facebook, Instagram censurent à la hache les publications féministes parce qu'elles seraient "contraires aux règles du service", mais ne lèvent pas le petit doigt quand les mêmes sont victimes d'appels au meurtre.
Et dans le même temps, les hashtags feminazi, fuckfeminism, antifeminism ou le très délicat fuckwomenrights continuent de prospérer, parfois avec des centaines de milliers de publications.
Quittez les réseaux sociaux. Laissez les seuls avec leurs connards.
"Le féminisme n'a jamais tué pesonne? Le machisme tue tous les jours."
Benoîte Groult
La façon dont les initiatives de Poe Dameron, caricature de "l'action virile" sont systématiquement vouées à l'échec (voire à la catastrophe) dans cet épisode est une manière assez géniale de faire la critique de la "masculinité toxique" :
However, while he may be filling the role of the dashing pilot that Han did in the Original Trilogy, director Rian Johnson is using the archetype to say something completely different about heroism, leadership, and—perhaps most importantly—masculinity.
In the Original Trilogy, Han is presented as the ultimate dude. In heteronormative terms, he is the character every man should want to be and every woman should want to be with. In The Last Jedi, Poe is presented as a character who needs to stop with the mansplaining and learn from the more seasoned female leaders in his life.
Et du coup, je trouve assez génial la façon dont, en tant que spectateur mâle hétérosexuel, j'ai été embarqué à embrasser le point de vue de Poe, trouver géniale sa mutinerie -et tout y est, même l'obstruction de C3PO, qui pour le coup, montre que les robots réfléchissent mieux que les hommes- avant de même faire bacher par Leia Organa :
Instead, the film supports General Leia and Admiral Holdo and their measured maturity over Poe's machismo-driven exuberance. "She cared more about protecting the light than seeming like a hero," Leia tells Poe about Holdo's sacrifice, subverting the tired narrative trend of the alpha male hero as the only viable or best leadership choice. "Not every problem can be solved by jumping in an X-Wing and blowing stuff up," Leia tells Poe before demoting him. Skilled X-Wing piloting is a solution to some problems, sure, but for Poe to think his is a skillset that solves all problems is pure hubris.
En fait, c'est tous les personnages masculins qui en prennent pour leur grade dans ce film, de Luke qui part chouiner sur son île parce qu'il n'arrive pas à faire face à son échec, à Kylo Ren qui n'arrive pas à faire face à ce qu'il a fait.
Et si celui-ci faisait un peu ridicule dans le réveil de la force (faisant irrésistiblement penser à l'ado a problèmes qui surmonte son anxiété par la violence), son côté "choupi" comme dirait LLM ne l'empêche pas de devenir effrayant :
Kylo Ren is a character who is easy to make fun of (which also happens to be his worst nightmare), but that doesn't take away from his power as a villain. He is scary because he reminds us of the real-world men whose anger and frustration and sadness have curdled into something ugly inside of them, causing them to lash out at those they perceive to have robbed them of what they deserve.
La suite de l'article -que j'ai lu un peu plus vite- rend hommage à Rey, qui essaie d'ouvrir les yeux tant à Luke qu'à Ren, et à Leia, qui transmet le pouvoir et la connaissance à son entourage, là où Ren ne connait pas d'autre manière de l'acquérir que tuer celui qui le détient.
Leia doesn't need to use the Force; she already has a superpower.
Au final, Le dernier Jedi est un film où les femmes tentent d'expliquer aux hommes que leurs actions ont des conséquences au-delà de leur propre point de vue de héros ; ce n'est pas qu'une question de féminisme, c'est une question de prendre la bonne décision pour le groupe, et non pas au nom de la quête d'héroïsme du "mâle alpha"
From Leia's quashing of Poe's ill-advised mutiny to Rose's quashing of Finn's suicidal run for glory, The Last Jedi is filled with women trying to explain to men that their actions have consequences outside of their own hero's journey, that glory and pride and victory are never the most important thing—at least not for the larger cause. That the decision that is best for the group is the one made by the group and its chosen leaders, not by the alpha male hero who thinks he knows best.
Plus que cela :
The Last Jedi is a step in the right direction when it comes to gender diversity not only because it gives us more female characters with more to do, but because it refuses to glorify its male heroes in simplistic ways that create unrealistic, harmful expectations for everyone involved. True gender diversity in media and in real life will come by recognizing that the system of patriarchy we live in benefits no one—not even the Poe Damerons of the world.
Je reprends à mon compte la conclusion de l'article :
The Last Jedi is a story that recognizes that we won't "win" by fighting the things we hate, but by saving the things we love
Je me disais à tort que ce film n'avait pas de punchline, cette phrase qui passera à la postérité (comme "Je suis ton père" ou "There is no try") mais en fait, si. Et il n'est pas anodin que ce soit une femme qui la prononce.
via LLM
J'adore les termes utilisés dans cet article.
On longtemps cru que les femmes combattantes viking étaient une "légende", puis on a trouvé un squelette féminin ; mais "les spécialistes de cette société [sont] réticents à reconnaître leur existence". On fait donc des tests ADN dans les années 1970 : les résultats sont "très controversés".
Je rappelle juste que quand il s'agit d'envoyer un quidam au trou, les résultats ne sont jamais controversés, quand bien même le doute existe ; quand il s'agit de déterminer si le squelette appartenait à un homme ou à une femme, alors là, on va contester la méthode miracle...
Au final, l'analyse d'un prélèvement ADN effectué sur un humérus "fin et gracile" (mais non ce n'est pas sexiste, qu'allez-vous imaginer là ?) confirme la présence de deux chromosomes X.
Si même les sociétés fantasmées de gros bourrins barbares n'étaient pas aussi patriarcales que l'on a bien voulu l'imaginer...
Je ne connaissais pas Peggy Sastre.
Je ne perdais rien, si ce n'est un motif de m'énerver.
Je vous encourage à lire cet article, intéressant à plus d'un titre :
Voir aussi :
EDIT : je ne résiste pas au plaisir de vous recopier mon passage préféré (dans cette partie de son texte, l'auteur·e démontre en quoi les arguments de PS comme du mémo sont faux, et que, programmer, ça a d'abord été "un métier de femmes" :
En fait, si l’on remonte encore plus loin, une surprise de taille attends Peggy Sastre : à ses débuts, la programmation informatique était une activité essentiellement considérée comme féminine. Comme l’explique l’historien Nathan Ensmenger, la programmation informatique a été un domaine majoritairement féminin dans les années 1950-1960. Principalement parce que s’occuper du software était considéré comme une tâche subalterne et peu virile, par rapport à la recherche sur le hardware qui, elle, convenait aux vrais hommes. C’est ce qui faisait dire au Docteur Grace Hopper (qui dirigeait l’équipe qui a créé le premier compilateur, et qui est en photo en exergue de cet article) que les femmes étaient « naturellement faites pour la programmation » : « C’est juste comme préparer à dîner. Vous devez anticiper et tout planifier pour que ce soit prêt quand vous en avez besoin ».
EDIT 2 : super blog au passage.
Et je suis tombé là dessus via Mastodon, comme quoi, on ne passe pas notre temps à y raconter des conneries :O
Un collègue altruiste apporte régulièrement ses magazines au boulot, une fois qu'il les a lus. Bon, ce n'est pas Canard PC, mais ça part d'un bon sentiment. Dans le lot : Alternatives économiques (bien), Capital (argh), Geo (bobo, mais des zolies zimages), Marianne.
Marianne, parlons en. Je viens de perdre 10 minutes à feuilleter quelques pages d'un numéro relativement récent portant en couverture un titre du genre "Y'en a marre des veaux d'or". Il s'agit d'un petit dossier soi-disant à charge, visant à dénoncer mollement ces personnalités que les français aimeraient et qui sont encensées par la presse. Le dispositif : une photo de la victime, et 15 lignes pour dire en quoi elle n'est pas aussi sympathique qu'on voudrait nous le faire croire. J'eus le plaisir de voir dézingué ainsi Pierre Rabhi, Zidane, Isabelle Huppert, Jamel, Thomas Pesquet (ne vous méprenez pas : j'aime bien Pesquet, et c'est l'idole de mon fils, et des 5-12 ans de ce pays d'une manière générale. Et je préfère que les gamins admirent un astronaute qu'un Hanouna. Mais que ce type, aussi parfait soit-il, nous soit vendu comme un paquet de lessive, pardon, un super-paquet de lessive, et que ça évite bien commodément de parler d'autres choses, ça éveille forcément ma fibre constestatrice).
Et puis, sous la photo d'une jeune femme, juste le prénom Emma. Comprend pas. C'est qui celle la ? Elle doit pas être hyper-connue, même à moi sa tête ne me dit rien. Je commence à lire : couple, charge mentale. Ah, Emma. D'accord. Du coup, quel est le problème ? Que lui est-il reproché ? Elle est proche des puissants, dîne au resto avec Bolloré, se fait du fric sur l'exploitation des pauvres ? Non pire que ça : sa BD sur la charge mentale est non seulement exagérée ("not all men", Cf. cet article), mais l'auteure a soutenu le NPA lors des dernières présidentielles. N'en jetez plus, la coupe est pleine, la traîtresse est démasquée : c'est un "cheval de Troie" de l'extrême-gauche (dont le Président des Etats-Unis d'Amérique nous a appris récemment qu'elle est aussi dangereuse que l'extrême-droite, donc c'est vrai), visant à semer le trouble dans notre belle société. Elle a en plus le culot de vouloir rester anonyme : c'est bien la preuve qu'elle a quelque chose a cacher.
Alors d'abord ça m'a consterné. Par pure incompréhension d'abord : le dossier était censé porter sur les stars encensées par les médias sans aucun recul critique, par sur les militantes qui ont connu un buzz par hasard. Ensuite, je me suis senti en colère : on fait des éditoriaux enflammés contre Trump qui met sur le même plan néo-nazis et militants anti-nazis, mais on n'est pas gênés de mettre dans le même sac poubelle journalistique des capitalistes (chef d'entreprise, millionnaires du showbizz, sportifs-panneau publicitaire) et une militante anti-capitaliste (que l'on soit d'accord ou pas avec elle, il n'y a rien de répréhensible ni de criminel dans ses prises de position). Et puis, le temps de tourner dans ma tête comment j'allais présenter ça sur mon Shaarli, j'ai trouvé que, finalement, ce n'était pas une si mauvaise chose. Emma se voit gratifiée d'un portrait acide dans Marianne ? Je ne pense pas que ça l'empêchera de dormir. Ca ne convaincra que ceux qu'ils le sont déjà, les autres penseront comme moi. Par contre, il est assez révélateur qu'un organe de presse, conservateur malgré ses prises de position revendiquées, se sente obligé de parler elle, de son combat féministe, de son engagement, de son "cheval de Troie" : elle les a gratté là où ça démange.
Et ça, c'est une bonne nouvelle.
Après avoir l'introduction du reportage par Pujadas affirmant que "le patriarcat est mort", on a droit à une succession de clichés sexistes sans la moindre contradiction.
Double fail.
J'ai ça qui traîne dans mes liens depuis un moment, je vous le partage, hop là vite fait.
Ça concerne deux athlètes américains impliqué·e·s dans deux histoires différentes lors des JO de Rio, et la mise en perspective fait un peu peur.
Les faits :
Je vous rappelle les premiers mots du titre de l'article : White male privilege.
Voilà.
The vast gap between these two public perceptions has everything to do with the identities of the people involved. Lochte is a straight, white man, who has long been beloved for his pretty face, doofy personality and charmingly slow demeanor during interviews. Douglas is a young, black woman who has battled racialized critiques of her appearance and attitude for years, despite winning three Olympic gold medals.
En réalité, Valls a tout simplement dévoilé la logique d’un certain républicanisme français qui, à ce jour, continue de discriminer des femmes françaises dans de nombreux domaines de la vie publique. En accusant les musulmans d’opprimer les femmes, il ne fait que nous détourner de la persistance des inégalités au sein de la société française - inégalités justifiées par l’image même de ces femmes aux seins nus qu’il évoque avec tant passion.
En soi, que des individus aux idées rétrogrades, prétextant défendre une morale religieuse, pourfendent Déesse Major me choque peu. C’est l’empressement du gouvernement, garant de la laïcité, à exécuter le désir de ceux qui ne sont bénéficiaires d’aucun mandat public, qui fait peur.
N.B. : contrairement à ce que cet extrait pourrait laisser penser, il est question ici du Sénégal.
Les femmes, à qui personne ne demande leur avis, sont ainsi entre le marteau de ceux qui veulent les déshabiller et l’enclume d’autres qui veulent les recouvrir d’un large voile de chasteté. En 2016, des individus des deux côtés de la Méditerranée ont ainsi comme projet politique de déposséder la femme de sa liberté de choisir son mode de vie et ses tenues vestimentaires.
on donne donc au vêtement féminin un sens qu'a beaucoup moins le vêtement masculin. C'est au fond assez logique ; les actes des femmes (et le fait de mettre tel ou tel vêtement en est un) sont toujours étudiés au prisme de la respectabilité qu'elles sont censées incarner.
...
Le féminisme occidental a grandi avec l'idée que les femmes avaient le droit de montrer leur corps sans risquer pour cela des agressions sexuelles, des réflexions, des interdictions diverses et variées. Cet exemple a longtemps été présenté comme un modèle seul et unique de féminisme... Le féminisme occidental doit faire extraordinairement attention à ne pas considérer que l'exemple de libération qu'il propose est le seul et unique. Il conviendra à certaines, pas à d'autres ; et les femmes au carrefour de plusieurs discriminations (le fameux "race, genre, classe") continuent à ne pas être écoutées, pire à être insultées et humiliées par ce féminisme là.
Je trouve ce passage très fort :
Les hommes sont en général jugés sur leurs actes et leurs paroles. Une femme quand à elle, verra ses vêtements être symbole de ce qu'elle est, dit et pense (ou plutôt ne pense pas). L'exemple de Pamela Anderson est à ce type exemplaire ; la majorité des commentaires lors de son passage en France n'ont pas porté sur son combat (qu'on peut juger légitime ou pas) mais sur la taille de son décolleté. Latifa Ibn Ziaten est également très attaquée (et qu'on ne s'y trompe pas les attaques procèdent du même système sexiste et patriarcal) ; là encore sa tenue serait censée disqualifier ses paroles.
via Alda
Plus fondamentalement, les gynécologues considèrent qu’être une femme est, en soi, une maladie. Le titre de leur communiqué est révélateur puisqu’ils dénoncent les mesures gouvernementales qui « nuisent à la surveillance médicale des femmes ». Il ne s’agit donc pas de surveiller médicalement une pathologie, mais bien les femmes elles-mêmes.
Quotidien d'une femme : sourire du sexisme.
Qui est-ce qui me disait il y a peu qu'on délirait sur le patriarcat ?
via Alda
Il est interdit de se promener torse nu.
Sanction homme => 38€ d'amende
Sanction femme => un an de prison (max, on est pas des monstres)
Encore un truc que la laïcité a oublier de régler, tiens.
L’omniprésence du « porno » a créé pour les filles de nouvelles « injonctions : "La société du porno n’a fait que rajouter de nouvelles contraintes pour les femmes, qui ont intériorisé de nouveaux modèles définis par et pour les hommes."
Madame ou mademoiselle ? Même si ça me parait évident, ça l'est encore plus avec des arguments.