Je pose ça là :)
via @tract_linguistes@sciences.re
Comment notre cerveau construit-il le langage ? Est-ce que les sons ont un lien avec le sens ? Quels sont les langages des animaux, ou des machines ? Laurent Cohen, chercheur à l’Institut du cerveau à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, répond à toutes ces questions dans un podcast pour France Culture. En six épisodes ludiques d’une dizaine de minutes chacun, le scientifique présente les liens entre notre cerveau et le langage.
Intéressant ! Il faut que je prenne le temps de l'écouter.
(via Brief.me, site auquel je viens de m'abonne)
Un thread via malauss@piaille.fr à propos du "réarmement démographique" de Macron
... qui n'apprendra rien à celleux qui, comme moi, sont persuadés que Macron a toujours été uniquement "ni de gauche" et qu'il est un train de tomber le masque vis à vis de son allégeance à l'extrême-droite.
Mais l'analyse est intéressante.
Je vois plein de gens intelligents soutenir que le mot réarmement serait un mot serait vide de sens, comme la macronie sait en produire à la pelle aidés par McKinsey, etc. Pour le coup, je suis pas du tout d'accord, et je trouve que c'est bien plus parlant que ce qu'on pense...
Un truc qu'on apprend très tôt quand on suit la politique, c'est une règle de décryptage des discours qui consiste à écouter une phrase, et se demander si qui que ce soit défendrait le contraire. Si la réponse est non, alors la phrase d'origine est bien souvent du vide.
Rétrospectivement, c'est pas le meilleur, mais j'avais donné un exemple ici : https://t.co/d54OgNrH71 https://t.co/d54OgNrH71
Comment repérer de la langue de bois : prenez le contraire, si c'est éclaté, c'est que la phrase d'origine l'est aussi. Exemple : "Cette reconstruction sera mise en œuvre par un gouvernement sans mission, et de division" : personne, jamais, nulle part.
Mais cette technique n'est pas magique. Si on l'applique systématiquement et automatiquement, à mon sens, on peut rater un truc : quelqu'un qui dit un truc vide peut quand même dire quelque chose, rien que par ce qu'il a choisi de dire... et de ne pas dire.
Quand Macron dit, par exemple, qu'il veut de l'ordre dans le pays... Personne ne dirait "je veux du désordre en France". Est-ce que pour autant, en disant qu'il veut de l'ordre, Macron n'a rien dit ? Non...
Parce que dire ça, c'est avoir fait le choix de ne pas dire d'autres choses. Par exemple, pour le même résultat, on peut dire qu'on veut de la responsabilité, de la justice, ou de la justice sociale : ces choses là évitent au moins aussi surement les violences (sans doute plus).
Du coup, revenons à réarmement, réarmer. Ce mot n'est pas neutre du tout, comme peuvent l'être des mots d'usage courant, comme renforcer, solidifier, améliorer, développer, promouvoir...
Dans réarmement, déjà, il y a re-. Ajouter re-, c'est dire qu'il faut revenir à un état passé, meilleur, qu'on a perdu.
S'armer démographiquement, c'est pondre du gamin parce qu'on est pas assez, tout court.
Se réarmer démographiquement, c'est en pondre pour revenir à quand on était forts démographiquement.
C'est évidemment totalement délirant : on est 68,37 millions et on n'a jamais été autant. https://t.co/obRhlcDar2
Même en proportion c'est délirant : entre 1980 et aujourd'hui, l'Allemagne est passée de 78 à 83 M d'habitants, le RU de 56 à 67, l'Espagne de 37 à 47, l'Italie de 56 à 59, la France de 55 à 68. Nos voisins ne nous sèment pas, bien au contraire.
"Renforcer" a aussi ce re-, et pourtant, ça porte pas un imaginaire si fort : quand on renforce, c'est qu'il y a déjà de la force, et on va juste en ajouter plus. Quand on réarme, c'est qu'il n'y a plus d'armes, et qu'il faut en redonner.
Ce qui amène à l'autre partie : dans réarmer, il y a armer. Ca porte un imaginaire qui est très loin d'être neutre, un imaginaire militaire et viriliste.
Si au lieu de parler de réarmement démographique, Macron parlait d'armement démographique, on aurait vite (ou plutôt encore plus vite) une image en tête : qu'il faut pondre des gosses, pour avoir de la chaire à canon prête pour la prochaine guerre.
S'il avait parlé de renforcement démographique, de développement démographique, on serait bien moins susceptibles d'avoir cette image en tête.
Dans mon exemple plus haut, il y avait déjà reconstruire : déjà cette idée de revenir à un état passé, plus souhaitable... mais la reconstruction, c'est la stabilité, le calme, c'est pas ce que porte le mot réarmer.
Réarmer, c'est comme régénérer : on avait un truc, mais on l'a perdu, il faut qu'on y revienne. C'est une vision d'un passé idéalisé comme glorieux, qu'on a perdu et qu'il faut retrouver, pour pas se faire bouffer.
Le passé mythique, fantasmé, d'un pays qui a été fort, mais que des années de décadence ont fait lentement descendre. C'est ça que porte ce genre de vocabulaire. Et c'est des mots qui appartiennent spécifiquement à un camp politique, qui parlent à un électorat bien particulier.
Cette forme de "c'était mieux avant", ça s'inscrit dans une tendance de plus en plus marquée dernièrement, dans la macronie en général, mais en particulier chez Macron. Ca a toujours existé chez lui, mais là ça prend un tournant de plus en plus accentué.
Ses politiques appliquées ont toujours été largement à droite, bien sûr, mais là où avant il tentait de rester dans le "en même temps", il y a depuis quelques temps une inflexion qui percole maintenant jusque dans le discursif.
Tout aussi malhonnête que c'était dans les faits, parler de "en même temps", de "dépasser les clivages", etc, ça portait une autre image : complexité de la pensée, modernité, tout ça. Ca regardait vers l'avant, vers le futur, ou en tout cas, ça prétendait.
Maintenant on est dans un truc qui fantasme bien plus le passé que l'avenir : le retour du service militaire, le "retour" de l'uniforme, la fermeture des frontières, la préférence nationale, la chasse à l'étranger, au fainéant, aux fraudeurs (qu'on sait être toujours les mêmes)…
A quoi sert l’Académie ? Principalement à tenir le discours réactionnaire, à entériner l'idée que c'est à une institution franco-française de régenter tout le discours sur la langue sur l'ensemble de la francophonie et globalement à dire que tout fout le camp et à n’accepter l'évolution de la langue que 50 ans après.
Au passage je découvre le podcast de Laélia Veron : https://www.binge.audio/podcast/parler-comme-jamais
AMesure vous offre la possibilité d'analyser directement un texte administratif et d'en évaluer le niveau de difficulté à la lecture sur une échelle à cinq niveaux.
Et ça marche super bien. Testez, vous verrez.
Une belle animation sur les clichés dans les journaux.
Cela n'explique pas pour autant la défaillance policière, au sujet de laquelle toutes les explications restent ouvertes. Problème de stratégie ? Elle avait pourtant été révisée en décembre, justement pour éviter pillages et incendies. D'effectifs ? Non, selon Nunez. De simple fatigue policière ? La question n'est pas posée. Démoralisation, alors ? A en croire Nunez, la police, samedi, a fait preuve de "retenue" dans l'emploi des LBD. ""Sur consigne ?"" demande Martichoux. Non. Pas de consigne. Alors ? Manque de munitions ? Problème d'approvisionnement ? Scrupule soudain ? Dufresnisation de la police ? Ou bien ce pouvoir a désormais un sérieux problème policier, ou bien il a laissé intentionnellement brûler le Fouquet's, pour impressionner une supposée majorité silencieuse. En fonction du théorème de base, selon lequel il y a toujours davantage d'inefficacité que de complots, la première hypothèse semble la plus probable. Quoi qu'il en soit, ""toute la chaîne de commandement va être examinée"" languedeboiïse Nunez. ""Jusqu'à la préfecture de police ?"" demande Martichoux. Mais pourquoi pas jusqu'au ministère, ou jusqu'aux pistes de ski de La Mongie ?
Mouah ah ah . J'adore.
Mais ça, c'est plus profond et plus grave, et on est pas prêts d'en sortir :
"Quand Mme Buzyn dit qu'elle supprime des lits pour améliorer la qualité des soins, quand Mme Pénicaud dit que le démantèlement du Code du travail étend les garanties des salariés, quand Mme Vidal explique l'augmentation des droits d'inscription pour les étudiants étrangers par un souci d'équité financière, quand M. Macron présente la loi sur les fake news comme un progrès de la liberté de la presse, la loi anti-casseurs comme une protection du droit de manifester, on est dans la destruction du langage et du sens même des mots."
Vous avez dit orwellien ? Je trouve cette "destruction du langage" terrifiante.
J'en suis venu à renoncer à discuter avec mes parents lorsque ce genre de sujets est abordé. C'est trop tard pour eux, ils sont complétement formatés.
J'ai commencé à lire ce livre ce matin. Il est tout à fait dans la lignée de choses que LLM a déjà pu nous expliquer, il se marie aussi très bien avec Franck Lepage ou avec Les mots sont importants. Le contexte est belge à ce qu'il me semble, mais les exemples sont -hélas- universels.
Quatrième de couverture :
Les mots importent. Dans la vie politique et syndicale, le choix des mots n'est jamais anodin. En effet, le langage n'est pas un simple outil qui reflète le réel, mais il crée également du réel en orientant les comportements et la pensée. Et vivre dans l'omission de cette évidence peut faire des ravages. Les mots portent, emportent avec eux une vision du monde, une logique politique, des signes de démarcation. Les mots classent, trient, délimitent et les fondés de langage du capital n'ont eu de cesse de décréter quels étaient les mots usés et les mots obsolètes. Si nous n'y prenons garde, nous finirons nous-mêmes par ne plus parler notre propre langue mais la leur. Cet ouvrage procède modestement à un travail systématique de traque et de déconstruction de ces pirouettes sémantiques, ces ruses de langage afin de faire le tri entre les mots qui libèrent et les mots qui oppriment. Car les mots sont des forces politiques : la reconquête idéologique sera lexicale ou ne sera pas et la bataille des mots est indissociable de la bataille des idées.
Je n'en ai lu que quelques pages, mais je suis d'emblée effrayé par la quantité d'expressions qui sont déjà passées dans le langage courant : consensus, gouvernance, grève sauvage...
N.B. : il y a une erreur sur Babelio, ce n'est pas la bonne couv' en illustration !
J'adore cette carte.
On en est quand même arrivé à un point d'accoutumance qui fait que l'on gradualise les adjectifs se rapportant aux actes terroristes : il y aurait donc les "attentats-attentats", les "vrais" qui font 350 morts, les "attentats-entre-guillemets" si l'auteur est blanc, ou si on est pas trop sûr, et les "incidents terroristes" si l'attentat n'a fait que quelques blessés, 3 mutilés et une poignée de traumatisés.
Déjà dit et déjà publié ici même, mais j'aime bien me répéter.
Les jeux de mots et l'esprit d'escalier élevés au rang des beaux-arts (par un chercheur en communication).
via Masto...
Coudifié pour étude ultérieure. Il a vraiment dit ça Valls ?
On peut penser ce qu'on veut du revenu universel, être pour ou contre, à ce niveau là, ce n'est pas le sujet ; mais caser un tel oxymore dans une affirmation aussi courte (universel // ciblé) c'est effrayant.
via http://bookmarks.ecyseo.net/?RwDy8Q
Pas mal du tout.
via Liandri
C'est intéressant de voir comment le français est expliqué aux étrangers qui l’apprennent, ça remet en perspective des choses qui nous semblent évidentes. (non, je ne reparlerai pas du masculin-pas-neutre, des termes oppressifs... même si c'est exactement la même démarche)
Du coup, j'apprends qu'un dépanneur, au Québec, c'est la boutique du coin de la rue où l'on vend des casse-croûtes :)
Salamalec vient de l'arabe ās-salām ʿalaykum, et c'est vrai qu'une fois qu'on le sait, on retrouve bien la même sonorité. J'adore :)
(1559) De l’arabe اَلسَّلَامُ عَلَيْكُم, ās-salām ʿalaykum (« (que) la paix soit avec vous »), en raison de la longue conversation phatique qui accompagne habituellement ces salutations traditionnelles.
A force de voir tourner, j'ai jeté un œil :)
Rien de très bouleversant en somme.
Juste un mot sur ça : «Amour» et «délice» sont des mots masculins au singulier mais féminins au pluriel => c'est aussi le cas pour orgue... mais pas toujours ^^ (http://www.cnrtl.fr/definition/orgue)
Ah c'est pas simple le français :)
Un article qui me rappelle le regretté Jean Véronis.
Clic si vous n'avez pas connu => http://blog.veronis.fr/
Un bon site comme je les aime, qui explique l'origine d'expressions ("trempé comme une soupe") ou certains mots parfois injustement méconnus (abasourdir, pandiculer, panouille...)