À l’époque, certes, il y eut un consensus : si elle avait pour objectif d’enrayer la trypanosomiase à l’échelle de la population, la vaccination à la Lomidine protégeait aussi l’individu vacciné. Pourtant, les Européens installés sur le sol africain échappèrent à cette logique. Non seulement la vaccination – que l’on savait risquée et douloureuse – ne leur était pas imposée, mais son administration était étudiée au cas par cas, en vertu d’un calcul risque/bénéfice qui n’était pas soumis au critère du collectif. L’Européen ne faisant pas partie de la masse, la prophylaxie n’était généralement pas indiquée pour lui. Ce n’était que lorsqu’il tombait malade qu’il était traité à la Lomidine. À deux objets différents – masse et individu – correspondent donc deux modes d’intervention distincts : la prévention ou la thérapie.
La médecine de masse était également une médecine racialisée : c’est en tant qu’« africain » que l’individu est de facto exclu du champ du regard médical. C’est à la lumière d’une telle exclusion qu’il faut comprendre le peu d’importance accordée à la question des effets, bénéfiques ou néfastes, de la lomidinisation préventive sur l’individu. C’est par une telle exclusion qu’arriva le scandale.
«Nous devrions nous autoflageller, regretter la colonisation, je ne sais quoi encore !» Invité dimanche du 20 heures de TF1, Jean Castex a prononcé ces mots alors qu’il dénonçait «les justifications (face) à (l')islamisme radical», et appelait au «combat idéologique» pour gagner la «guerre». Si elle s’inscrit dans la pure tradition des croisades de la droite et de l’extrême droite contre toute forme de «repentance», cette affirmation apparaît pour le moins surprenante dans la bouche d’un Premier ministre dont le président, lorsqu’il était candidat à l’Elysée, avait qualifié la colonisation de «vraie barbarie» et même de «crime contre l’humanité».
Je vois que les vacances ont été profitables à l'extrême-droite.
Laurence de Cock réagit aux propos opportunistes de Macron qualifiant la colonisation de "crime contre l"humanité" (après avoir dit exactement l'inverse 10 jours plus tôt, chapeau l'artiste).
Maintenant l'Algérie puisque apparemment Macron parle de cette colonisation là. Les historiens [Gilbert] Meynier et [Claude] Liauzu évoquent près d'un million de tués en un siècle (conquête et famines dans le sud). Cela fait 1/3 de la population. Avec des massacres collectifs, enfumades (villageois bloqués dans des grottes), confiscation de terres, etc.
Tout cela est bien connu. On peut parler de massacres de masse mais la qualification de "crime contre l'humanité" est inappropriée ici... En tout cas dans sa dimension juridique car c'est la seule définition qu'on lui connaît définie à Nuremberg. Peut être un jour cela sera plaidé mais pour le moment ce n'est pas le cas.
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Le candidat d'En marche! vise selon elle une double cible : "C'est un bras tendu à l'Algérie, qui réclame ça depuis longtemps… La mémoire coloniale est un outil diplomatique. Et une main tendue aux jeunes des quartiers, dans un moment fébrile."