Vous regardez The good doctor ? Oui ? Non ? Vous savez, cette série où un jeune interne en chirurgie autiste (alors je ne dis pas "soufrant de troubles envahissant du développement", car il se qualifie lui-même d'autiste ; d'autre part, il a environ 25 ans, on peut supposer qu'il a grandi à une époque où on disait "autiste" tout court, juste avant de rajouter "c'est la faute de ta maman", mais je m'égare), Shaun Murphy (incarné par le fantastique Freddie Highmore), s'efforce de faire sa place dans le monde médical et dans le monde tout court, et c'est très difficile quand on a pas accès à l'empathie et au langage para-verbal.
Mais ce n'est pas de lui que je voulais parler ; dans cette série, il y a aussi le personnage de Claire (non moins fantastique Antonia Thomas), a qui est dévolu le rôle un peu tarte à la crème de la bonne âme de service. Vous savez, ces wonder women de séries télé, qui sont belles, intelligentes, empathiques, malgré un milieu social défavorisé et une enfance de merde ? Ben voilà, c'est elle. Claire, c'est l'interne en chirurgie qui veut non seulement devenir un bon médecin, mais aussi une bonne personne -il y aurait matière à disserter sur le titre de la série, en s'appuyant sur les marottes de Matin Winckler- et qui est l'empathie incarnée. C'est toujours elle qu'on envoie annoncer les mauvaises nouvelles aux familles, les décisions difficiles à prendre... parce qu'elle sait y faire. Et elle veut toujours, malgré l'opposition de sa hiérarchie, ne pas s'arrêter au fait de traiter le patient, mais aussi s'intéresser à sa vie, ses soucis, bref, traiter son corps et son âme. Et bien sûr ça marche, sinon ça n'aurait aucun intérêt.
Peut-être le saviez-tu déjà, mais dans la vie, ce n'est pas comme dans les séries télé. Les gens ne sont pas toujours reconnaissant que l'on fasse preuve d'empathie à leur égard, que l'on s'intéresse à leur problèmes ou que l'on aille au-delà du cadre strict de sa mission pour tenter d'améliorer leur vie.
J'ai une collègue, appelons la Claire également, qui est en charge du traitement des réclamations dans le cadre de la gestion d'un dispositif touchant un public en situation de grande précarité ; ça, c'est pour le cadre.
Hier, elle a eu affaire, au téléphone, à une personne qui a fait un malaise. Elle a appelé les pompiers, qui sont venus secourir ladite personne. Pour la bonne compréhension de l'histoire, il faut encore préciser qu'il s'agit d'un "dossier" au long cours, compliqué, et que suite à cet incident, les points de blocage ont finalement été résolus avec les différentes parties prenantes, je ne sais pas s'il faut y voir un lien de causalité.
Notre Claire a très mal dormi suite a cet incident, inquiète des suites de la prise en charge de la personne qui avait fait un malaise.
Elle appelle ce matin ladite personne, dans le but de s'enquérir de sa santé, et de lui annoncer que le problème à l'origine des réclamations avait été réglé.
Elle s'est fait engueuler comme du poisson pourri. Insulter sans même pouvoir répondre. Elle n'a même pas pu dire que le problème était résolu.
Le directeur et son chef de service sont avec elle, dans la cafétéria, en train de ramasser ce qui reste d'elle, à la petite cuiller et la serpillière.
C'est moche, c'est violent, mais la vie, c'est pas comme les séries télé.
Présentée en septembre dernier, la première version de l’ISO 45003 a renforcé la farouche opposition de la France : elle n’apporte aucune plus-value en termes de contenu et d’approches techniques spécifiques liées aux RPS, mais, curieusement, elle « oublie » la participation et la consultation des travailleurs ; elle « dépouille » la norme 45001, soulignent les délégués français dans leurs commentaires. Des observations et une opposition partagées par de nombreux pays, comme l’Allemagne, la Suède, l’Argentine, l’Italie ou encore la Chine, et des organisations telles que la Confédération européenne des syndicats (Etuc).
A terme, la reconnaissance du syndrome d'épuisement professionnel pourrait donc entraîner une hausse du coût du travail, le taux de cotisation d'une entreprise dépendant du nombre d'accidents du travail et de maladies professionnelles. Mais à l'inverse, elle pourrait inciter à de meilleures politiques de préventions, qui auraient sur le long terme un effet bénéfique sur la santé, et in fine sur le coût du travail.
Conférence sur la souffrance au travail.
via https://www.e-jim.be/liens/?OAbIGA
Dans un communiqué adressé à l'AFP après l'annonce du suicide de mardi, la ministre de la Santé "adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches" et tient "à assurer de son soutien les équipes de l'établissement". Mme Touraine "souhaite que l'enquête interne lancée par l'AP-HP aboutisse rapidement et que toute la transparence soit faite sur les circonstances de ce drame", ajoute-t-elle.
Putain, taisez-vous. Juste taisez-vous.
C'est à se taper la tête contre les murs, vraiment.
via Twitter
On peut y lire des consignes pour contrer la création de syndicat au sein de l’entreprise ou encore des méthodes pour « dominer les employés » au quotidien. [...] Le document appelle les hauts placés dans la hiérarchie à trouver des moyens de punir les leaders des syndicats, d’isoler les employés qui posent problème ou, pire encore, de « causer des conflits internes ». Autrement dit, tout doit être mis en œuvre pour fragiliser le moindre mouvement de contestation ou de réclamation parmi les employés.
via Seb
Déjà évoqué, mais c'est une bonne synthèse sur l'affaire.
J'espère qu'ils vont prendre cher.
Les conséquences de la mise en œuvre de ces deux programmes furent dramatiques. Soixante personnes se sont suicidées en trois ans, dont trente-cinq pour les seules années 2008 et 2009.
[...]
Si le juge d’instruction, qui rendra son ordonnance d’ici quelques semaines, suit l’avis du parquet, Didier Lombard, ancien numéro un de France Télécom (devenu Orange en 2013), son ex-bras droit, Louis-Pierre Wenes, et celui qui fut DRH, Olivier Barberot, comparaîtraient pour « harcèlement moral ».
De même pour la société France Télécom, personne morale. Deux directeurs territoriaux – Nathalie Boulanger et Jacques Moulin –, ainsi que le DRH France de l’entreprise, Guy-Patrick Cherouvrier, et l’ex-directrice du programme Act, Brigitte Bravin-Dumont, devraient répondre, eux, de « complicité de harcèlement moral »
Bien. La justice est lente, mais elle avance. Parfois.
Ah ben si tu as vécu sur place, ça explique (presque) tout ! ;)
Si je synthétise ton raisonnement, le mot clé c'est : intéressez-vous. (voire "cultivez-vous"). Demandez-vous pourquoi la plaque commémorative, pourquoi le jour chômé, pourquoi la statue...
Puisque que tu as commencé à digresser, j'ajoute que je suis d'accord avec toi ; j'ai souvent fait le même type de réflexion à propos des "RPS" (Risques psycho-sociaux). Trèèès à la mode. Tout le monde fait son petit couplet là dessus. Et ça m'énerve. Beaucoup. Parce qu'on nous parle de reconnaître les RPS, traiter les RPS, éventuellement éviter les RPS... mais changer les conditions de travail qui mènent les gens dans cette situation (le burn out et le suicide en étant les cas extrêmes), surtout pas.