"Bon ben là les étudiants ils crèvent la dalle, ils sont enfermés depuis 2 mois dans des chambres de 7 à 9 mètres carrés, ils sortent à peine pour tenter de grapiller un kilo de pâtes à une banque alimentaire, ils n'auront pas de job d'été à cause de la crise, ils se trouvent privés de formes vitales de sociabilités depuis déjà deux mois et peut-être encore pour quelques temps, ils sont flippés d'être privés de certains cours, ils sont ultra flippés de se ramasser à leurs putains de partiels ou d'examens, et là, l'institution dans sa grande bienveillance, son immense lucidité et son empathie constante, l'institution va donc leur proposer de les traiter comme des délinquants de base et faire du respect de leur vie privée le torchecul dont on craignait de manquer aux débuts de la pandémie."
Mon amour des gros mots m'a fait choisir ce passage en particulier, mais lisez tout l'article : il est terrifiant par ce qu'il révèle, de cette politique du "pied dans la porte" (ou de la grenouille dans la casserole, vous savez, au début l'eau est froide et elle bouge pas, puis on augmente un peu la température et elle ne bouge toujours pas... et à la fin elle est cuite). On commence à accepter des pratiques aussi indignes que douteuses soi-disant parce qu'on aurait pas le choix, et on se retrouve 5, 10 ou 15 ans plus tard dans un monde ultra-orwellien (je veux dire : pire que maintenant, si, si, c'est possible, regardez les chinois, ils y arrivent, eux, un exemple pour nous tous) et la grenouille est cuite.
Au passage, j'aime beaucoup beaucoup la partie sur l'efficacité des outils mis en place par les étudiants eux-mêmes (Discord), comparée à la machine à gaz administrative qui... qui fonctionne, juste fonctionne, on va dire ça.
Dans son arrêt, le Conseil d’Etat ne remet pas en cause le principe de conservation des notes (possible dans la limite de cinq sessions après la première), mais il relève une « différence de traitement » injustifiée entre deux types de candidats : ceux qui obtiennent le bac au rattrapage en juillet sont privés de mention, tandis que le décret de 2015 permet l’attribution d’une mention à ceux qui décident de conserver leurs notes supérieures à 10/20 pour une session ultérieure. Au nom d’un principe d’égalité, il n’y aura donc pas de mentions pour aucune des deux catégories.
Oui. Mais. Les beaux esprits de l'EducNat ont réussi le tour de force de créer une injustice en restaurant l'égalité : le nouveau décret, sorti en mars/avril de cette année, s'applique à celleux qui viennent de passer le bac, et qui avaient choisi de garder certaines notes en n'ayant en tête que l'ancien système où la mention était possible.
Du coup, si on peut imaginer que la plupart sont bien trop content d'avoir enfin le bac et de pouvoir passer à autre chose, pour une minorité de bacheliers qui voudraient s'inscrire dans des filières sélectives, le cadeau se révèle empoisonné au final...
Je découvre cette histoire "grâce" au fils d'une collègue qui est exactement dans cette situation.
Et vous savez ce qui me fait mal au cul dans cette histoire ? C'est que ce contentieux ait été porté devant le Conseil d'Etat par une association de conservateurs proche de François Fillon, qui prône des conneries comme "la valeur des diplômes", "le mérite"... Tout ça pour une réforme mal ficelée de bout en bout :
Pour éviter que ces lycéens soient dispensés des cours dont ils ne repassent pas les épreuves, le syndicat majoritaire aurait préféré un système de conservation « conditionnelle » de la note, avec obligation de repasser l’épreuve en permettant aux candidats de conserver la meilleure note des deux.