Loin de disparaître, les oppositions se renforcent et retrouvent ou commencent à cerner des motifs plus essentiels, ceux qui relèvent des rapports de pouvoir, de la dépossession des instruments utilisés pour des enjeux de la vie quotidienne et de la violence de l’intrusion dans la sphère intime. Voilà exactement où nous en sommes en ce qui concerne le déploiement des compteurs qu’on a nommé intelligents pour mieux masquer la dépossession qu’ils infligent aux usagers traités en objets de contrôle et d’une surveillance pudiquement appelée analyse des comportements ou production des données. Il ne faut donc pas s’étonner que les compteurs jugés intelligents par leurs concepteurs soient considérés par ceux qui ne les ont pas choisis comme des compteurs débilitants.
Si vous voulez sauver les compteurs de nouvelle génération, ou tout au moins ne pas avoir à les installer de force, il faudra donc accepter de rouvrir le débat sur les relations de pouvoir et les capacités qu’ils donnent respectivement aux distributeurs et producteurs d’énergie et aux usagers et citoyens. Ce n’est pas qu’un problème de données personnelles. Dans ce domaine comme tant d’autres, les personnes acceptent de fournir des données bien plus intimes, par exemple sur l’alimentation et la santé, pour des études, à condition d’être associées à la définition de leurs buts et à leur mise en œuvre et que des garanties d’indépendance à l’égard des grands intérêts économiques existent, ce qui est hélas rarement le cas.
La réouverture de ces débats sur les pouvoirs d’agir de chacun, loin d’être une perte de temps, est la seule chance d’en gagner, même si cela passe par la mise à la poubelle d’une génération de Linkys et Gazpars. Attention, il ne s’agit pas que de calmer des peurs jugées irrationnelles par les techniciens. Il s’agit de prendre en compte qu’il y a un enjeu démocratique essentiel, une condition d’exercice des droits fondamentaux lorsqu’on déploie des dispositifs informatisés dans la sphère intime, celle du foyer ou celle des comportements quotidiens. Il s’agit de prendre conscience que le fait qu’un compteur appartienne au distributeur et soit sous son contrôle - qui était presque universellement accepté lorsqu’il s’agissait d’un dispositif « bête » - devient intolérable lorsqu’il incorpore une « intelligence » (des algorithmes aussi élémentaires soient-ils) conçue par d’autres dont on ne partage pas nécessairement les buts. La technique est une composante essentielle de la vie humaine, mais elle ne remplace pas la démocratie.
Et encore, j'ai failli tout citer.
Des fois les élus font leur boulot.
Et c'est bien.
"Ce qui est plus inquiétant pour les dijonnais notamment, c'est l'augmentation de la puissance électrique. Actuellement vous avez une tolérance sur le disjoncteurs d'environ 10-15%. Un dépassement de quelques ampères n'est pas comptabilisé. Le compteur Linky, en enregistrant précisément l'intensité demandé, va prévenir le fournisseur du moindre dépassement. Vous serez obligé de changer de seuil d'abonnement pour un dépassement minime."
Mais puisqu'on vous dit que Linky c'est bien !!!!
A propos du compteur "intelligent" Linky, je viens de retrouver chez Korben l'article du Canard enchaîné que j'avais lu cet été :
FUD ? L'avenir nous le dira. Ce que je regrette, c'est qu'on dise : "dans le doute, allons-y", plutôt que "dans le doute, réfléchissons" :(
Un article à la limite du publi-rédactionnel... il faut attendre les 2 derniers paragraphes pour avoir quelques points négatifs et encore, pas un mot sur les risques sanitaires de la chose.
"En plus des problèmes de radiation que posent le CPL dans les logements qui ne sont pas équipés de câbles blindés, Linky envoie des données à caractère privées à disposition d'EDF." Je voulais en parler justement. Il y a vrai risque sanitaire complétement occulté. J'y reviendrai.