Au-delà de l'inexactitude factuelle de la thèse de E.Z., ce qui me rend dingue, c'est que ça ne choque absolument pas ses partisans de dire une énormité telle que "Pétain a protégé les juifs français et envoyé les juifs étrangers à la mort", comme si c'était quelque chose de glorieux.
Venez pas me dire que je suis naïf, s'il vous plait. Je dis juste que ça m’écœure.
Le grand soldat dans ses œuvres : fraternisation avec Franco et emploi d'armes chimiques. Bisous Raphou.
Misère, il y a quelqu'un pour lui expliquer à quel point il est stupide ? A moins que ce ne soit même plus possible.
Je résume son propos : Macron a le droit d'être con, puisque Hollande l'a été avant lui.
Et ça se dit philosophe...
Quelque chose coince dans la polémique autour des déclarations de #Macron sur le Maréchal #Pétain, qui m’empêche, à regret, de communier dans l’indignation, alors que c’est bien agréable, de s’indigner...
Voici ce qui me retient 👇
En mai 2012, @fhollande avait rendu un hommage en demi-teinte à Jules Ferry, dont il rappelait la grande œuvre éducative, autant que la « faute morale » que constitue son ardente adhésion au projet colonisateur…
Le discours avait été bien accueilli. Comme un exercice de lucidité historique. Même @RoyalSegolene avait félicité le Président. C’est dire.
Hollande, pourtant, avait commis une erreur dans son propos.
L’erreur de Hollande n’était pas de rappeler les deux facettes de Jules Ferry.
Son erreur était de les opposer.
Son erreur était de présenter Jules Ferry comme un être ambivalent, d’un coté Dr Jekyll (soucieux des enfants et de leur instruction) et de l’autre Mr Hyde, indifférent aux peuples qu’il agresse.
Or, c’est plus compliqué que cela.
Si Jules Ferry (comme Condorcet) porte à la fois un grand projet éducatif et une grande ambition coloniale, c’est parce qu’il n’était pas contradictoire, aux yeux de Ferry, de vouloir l’école pour tous et de prétendre, comme il dit, « civiliser les peuples inférieurs ».
Clemenceau avait d'ailleurs à l'époque justement remis Ferry à sa place : « La conquête que vous préconisez, c'est l'abus pur et simple de la force... pour s'approprier l'homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. »
Et les ennemis de l’idée d’universel, qui voient en elle l’alibi du colonialisme et de l’impérialisme blanc disposent d’ailleurs, avec Jules Ferry ou Condorcet, d’excellents exemples en faveur de leurs thèses.
Chez l’un comme l’autre, l’idée d’universel était l’expression du sentiment de supériorité – et, de fait, pour leurs successeurs, l’alibi de crimes innombrables...
Bref, Hollande n’est pas « lucide » quand il oppose Ferry à Ferry comme on oppose le Bien et le Mal. Il fait juste de la morale. Et, encore une fois, son discours avait été bien accueilli.
Venons-en maintenant à la polémique soulevée par les déclarations « honteuse » de notre soi-disant néo-pétainiste actuel Président.
Que reproche-t-on à Emmanuel Macron ?
D’avoir déclaré «Je ne fais aucun raccourci mais je n'occulte aucune page de l'Histoire. Et le maréchal Pétain a été, pendant la Première Guerre mondiale, aussi un grand soldat. Voilà. C'est une réalité de notre pays. »
Il n’en fallait pas davantage pour que les fantassins du Bien déboulassent sur Touitère, avides de récolter les dividendes de l’indignation… Pourquoi pas ? C’est de bonne guerre.
Plus intéressant que les gagne-petits dont les RT sont le salaire, la réaction de François Hollande himself.
Comment l’ancien Président peut-il reprocher à son successeur d’évoquer les deux facettes d’un personnage historique, après s’être livré au même exercice 6 ans plus tôt ?
Et comment peut-il l’accuser d’ « isoler une étape », alors que c’est précisément ce qu’on reproche à Macron de ne pas faire (en évoquant en même temps la gloire ET le déshonneur de Pétain) ?
Mais surtout : pourquoi peut-on dire de Jules Ferry qu’il fut un affreux colonisateur, et n’a-t-on pas le droit de dire du Maréchal Pétain qu’il fut un grand soldat, alors que les deux sont rigoureusement exacts ?
Pourquoi supporte-t-on davantage les anciens vices des gens glorieux, que les anciens mérites des gens infâmes ?
Pourquoi le rappel des 1ers est-il un gage de « lucidité », alors que l’évocation des 2nds est immédiatement suspecte de complaisance ?
C’est que ce n’est pas la « lucidité » qui parle ici, mais le désir de repeindre l’histoire en rose et noir.
De ce point de vue, il n’y a aucune différence (sinon de gravité) entre les belles âmes qui dénoncent le « pétainisme » présumé du Président Macron et les illuminés qui voudraient débaptiser les lycées Colbert, ou déprogrammer Autant en Emporte le vent, au nom du Bien.
Il s’agit dans les deux cas de réécrire l’histoire sous la dictée du Bien. Et c’est là, à mon sens, la pathologie dont cette fausse polémique est le symptôme : au royaume du Bien (comme dans l’Océania de 1984) l’Histoire est réinventée chaque jour au gré des exigences du présent
Orwell appelle cela "la mutabilité du passé".
Quelle forme prend aujourd'hui cette tentation délétère ?
La forme d'un présent qui exige que Pétain n’AIT PAS ETE un grand soldat avant d’être l’icône de la honte. Comme dit Xavier Bertrand, Vichy « efface tout le reste »…
Ben non. Vichy recouvre le reste, mais ne l’efface pas.
Qu’il suffise, pour s’en convaincre, d’en revenir aux déclarations du Général de Gaulle. "Pétain qui, ayant brisé à Verdun l'effort acharné des Allemands, ranima l'armée française en guérissant son moral blessé..." 11 Novembre 1968
36 ans plus tôt, en 1932, de Gaulle dédie au maréchal Pétain son ouvrage Le Fil de l'épée : « Car rien ne montre mieux que votre gloire, quelle vertu l'action peut tirer des lumières de la pensée ».
Voici enfin ce qu'il en disait le 29 mai 1966 : « La gloire qu’il avait acquise à Verdun 25 ans auparavant, et qu’il garda en conduisant ensuite l’armée Française à la victoire, ne saurait être contestée ni méconnue par la patrie. » (à partir de 4,14)
De Gaulle était-il pétainiste, ou bien la juste connaissance de l'histoire impose-t-elle de reconnaître (même si ça fait mal) les vertus temporaires de chacun ?
Bref
- Pétain fut un grand soldat
- 25 ans plus tard, Pétain devint le visage de la honte et de la lâcheté Françaises.
- Rappeler le 1er fait n’est pas nier le 2nd
4) Reconnaître les mérites d’une crapule n’est pas une façon d'excuser ses crimes.
A propos de De Gaulle, on lui prête cette phrase au sujet de Pétain et de sa devise "Travail, famille, patrie" : c'est une drôle de devise qu'il s'est choisie : il n'a jamais travaillé, il n'a pas jamais eu de famille et il a trahi sa patrie !
"La France 2010 est-elle si différente de celle de 1940 ? Le traumatisme de la crise financière fait aisément lâcher prise. Quand on ne comprend pas, on accuse les forces obscures et cosmopolites."