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Peste & choléra
vendredi 8 août 2025, par
Si vous avez un jour l’occasion de vous balader dans le coin, et que vous faites un détour par la Franche-Comté, vous pourriez en profiter pour visiter la maison de Pasteur à Arbois. Dans la boutique de cette maison, vous pourriez découvrir le livre qu’Erik Orsenna consacra à Pasteur : La vie, la mort, la vie. Si vous le lisiez, vous pourriez découvrir dans les dernières pages une incitation à lire celui consacré par Patrick Deville à l’un des premiers disciples de Pasteur : Alexandre Yersin.
Oui, tout ce détour pour ne pas vous parler de Pasteur, mais de sa vie racontée par Patrick Deville : Peste & Choléra [1]. Ce qui nous donne un quatrième titre pour notre série estivale.
Avant de lire ce livre, j’ignorais jusqu’à l’existence même de Yersin. Mais le nombre de choses que j’ignore est un puissant moteur de découverte. Si Yersin est principalement connu pour avoir découvert le bacille de la peste (qui s’appelle donc Yersinia pestis) et le sérum pour la combattre, au nez et à la barbe des anglais, des allemands et des japonais, dans un contexte de compétition internationale féroce, c’est un touche-à-tout génial et curieux de tout, qui veut tout voir, tout savoir, tout apprendre. C’est une sorte de Rimbaud qui se serait fait scientifique, l’auteur revenant d’ailleurs souvent sur ces deux vies qui auraient pu être parallèles (sauf que Yersin est mort à 79 ans, pas à 37).
Alexandre Yersin (prononcez ièrssin, pas yerssine, il est suisse naturalisé français) est donc à la base médecin, l’un des plus jeunes disciple de Pasteur mais, atteint de bougeotte compulsive et d’une insatiable curiosité, il a rapidement soif de grands espaces et devient médecin à bord des Messageries maritimes. Puis il se fait explorateur, ouvre de nouvelles routes en Indochine, fonde la ville de Dalat, et finit par se construire son petit paradis dans son coin de Vietnam. Il développe la culture de l’hévéa, se lance dans la production de sérum à grande échelle, étudie l’astronomie...
Il est toujours en train d’apprendre quelque chose, il s’intéresse à tout. Il y un épisode cocasse où, grièvement blessé après un duel contre un bandit (si, si), il prend le temps de s’enquérir du fonctionnement du télégraphe utilisé pour demander des secours !
Le livre est un roman, mais pas de la fiction : tout est vrai, jusqu’aux interventions de l’auteur voyageant sur les pas de Yersin. Celui-ci fait partie des rares européens dont le nom figurera encore sur les plaques de rues d’Hô Chi Minh-Ville après l’indépendance.
Un autre titre vendredi prochain !
[1] Mais du coup, vous avez deux livres pour le prix d’un.