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La corde, roman sur l’absurdité de l’existence ?
jeudi 29 août 2024, par
Les chemins du hasard et de la sérendipité m’ont fait tomber sur ce clip de Matmatah, La cerise ; je n’ai pas d’avis sur la musique, je n’ai pas écouté (!) happé que j’ai été par le clip où un personnage suit une corde qui semble infinie.
C’est exactement le propos du court roman La corde, de Stefan aus dem Siepen : une corde. Par terre. Et des personnages qui la suivent pour voir jusqu’où elle va.
Comme pas mal d’autres personnes sans doute, j’ai entendu parler de cette histoire à cause du succès de la mini-série produite par Arte [1]. Si la série place résolument l’action dans un lieu et une époque déterminés (la Norvège, de nos jours), le roman pour sa part laisse volontairement une incertitude sur ces points : on sait juste que les personnages qui suivent la corde sont des paysans, qu’ils chassent à l’arc, et qu’il y a des loups...
Mais cela ne change rien au fond de l’histoire, qui garde tout son intérêt dans les deux versions : pourquoi des hommes, qui ont pourtant un objectif clair (la moisson dans le livre, des observations astronomiques dans la série), vont-ils progressivement se laisser entraîner dans une quête absurde (suivre une corde), au risque de tout perdre [2] ?
Au final, une fable remarquable à l’atmosphère subtilement fantastique sur la curiosité humaine et ses risques, sur la soif de connaissances, sur les limites que l’humanité peut ou doit se donner dans sa volonté de tout savoir... Il y a du Camus dans cette histoire absurde au sens philosophique du terme : si suivre une corde est stupide, c’est un but dans la vie qui en vaut bien un autre. Finalement, nos existences sont-elles tellement sensées ? Vaut-il mieux faire des observations astronomiques, rentrer le foin, ou bien pousser un rocher sur une pente pour l’éternité, suivre une corde ou consacrer sa vie à une autre idée à l’issue tout aussi incertaine ?
[1] Elle n’est plus en ligne depuis un bail, je ne sais pas s’il est possible de la voir par d’autres moyens ?
[2] et le clip cité au début de l’article donne aussi l’impression que l’homme qui suit la corde sacrifie une possible histoire d’amour à une vaine curiosité