Marion Montaigne : Nos mondes perdus

Une petite note rapide pour vous parler de Nos mondes perdus, le dernier (gros) album de Marion Montaigne. Si vous aviez lu le formidable Dans la combi de Thomas Pesquet, on est sur le même niveau de qualité, de rigolade et d’épaisseur du volume ! C’est peut-être même encore mieux.

Dans la combi de Thomas Pesquet, le sujet était... Thomas Pesquet, oui, bravo. Ici, et c’est aussi pour ça que c’est formidable, on est au croisement entre un ouvrage de vulgarisation scientifique « à la Marion Montaigne » sur les dinosaures (ou plutôt la paléontologie, mais « dinosaures » c’est tout de même plus vendeur) et une quasi-autobiographie.

Quasi, parce que Marion Montaigne ne nous raconte pas tout de sa vie, mais seulement les éléments en rapport avec les dinosaures, leur disparition, la mort (avec des vrais morceaux de Freud dedans).

On rembobine. Allongez-vous sur le divan de la BD Marion, parlez-nous de votre famille. De votre angoisse chronique. De la façon dont vous l’avez surmonté en la réduisant en explications scientifiques et en dessins. Mais, le rapport avec les dinosaures ?

Ah oui : lisez l’album.

Nos mondes perdus, ce n’est pas que Jurassic Park, ce sont tous les mondes disparus : les autres extinctions, celle en cours, mais aussi l’enfance, et les secrets enfouis comme des fossiles.

C’est peut-être (mais je ne les ai pas encore tous lus) son album le plus personnel et sans doute le plus intéressant parce qu’on ne s’attend pas à ce qu’on va apprendre. Il y est question de la science et (contre) la religion ; de fossiles, de dinosaures, de Buffon, de Freud et de la blessure narcissique de l’humanité. Des paléontologues en toge, en fourrure ou en robe, ces dernières étant nettement défavorisées (et pas à cause de la robe, qui n’est à tout prendre pas pire qu’une toge.). De pourquoi le Pr Malcolm [1] raconte des conneries, de comment les artistes sont utiles pour faire avancer la cause des dinos, et de qui a inventé le mot « dinosaure ».

Et pourquoi les dinos de Jurassic Park étaient has been dès leur sortie.

Verdict : IN-DIS-PEN-SA-BLE.