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4 3 2 1

vendredi 17 novembre 2023, par Sammy

Si vous lisez des romans, c’est probablement que vous aimez que l’on vous raconte des histoires. Alors que diriez-vous d’un roman qui vous raconterait non pas une, mais 4 histoires en une ? Ces histoires, ce sont celles de Ferguson, ou plutôt celle de Ferguson, 4 variations sur le même canevas, 4 trajectoires possibles de la même personne, de sa naissance en 1947 (comme Paul Auster, tiens donc...) jusqu’à... la fin du livre  😉

C’est un pavé, mais un pavé gourmand dans lequel on n’a pas le temps de s’ennuyer, malgré la taille (un peu plus de 1000 pages), et un concept a priori un peu fou : écrire les 4 vies possibles d’un personnage à partir d’un même point de départ. Ce point de départ fait l’objet du premier chapitre : l’arrivée du grand-père à Ellis Island, la rencontre des parents, le magasin d’électroménager du père, sa mère photographe... jusqu’à un drame à partir duquel le roman prend véritablement 4 directions, traduites de manière très concrète dans la numérotation des chapitres suivant : on passe du 1.1 au 1.2, puis au 1.3, 1.4, et 2.1, 2.2, 2.3 etc.

Le fil conducteur pourrait être « Et si... ? ». Et si le père attendait les cambrioleurs dans son magasin au lieu d’appeler la police ? Et si tante Mildred divorçait ? Et si Ferguson avait un accident de voiture ? Et si... C’est vertigineux mais on est jamais perdu. Déjà parce que l’auteur fait de discrets rappels aux événements de la période précédente, et surtout parce qu’on se prend au jeu de savoir ce qui est arrivé à Ferguson 1, Ferguson 2...

Comme c’était étrange, profondément étrange d’être vivant.

4 3 2 1, c’est l’œuvre d’un grand écrivain américain qui nous offre une traversée de la seconde moitié du XXème siècle : les guerres de Corée et du Viet-Nam, l’assassinat de JFK, la lutte pour les droits civiques... Ces événements structurant les 4 vies de Ferguson, agencées différemment en fonction des circonstances, des rencontres ou du hasard, et peuplées de personnages que l’on retrouve d’une vie à l’autre, mais dans des rôles différents.

Au final ? Un grand roman [1], sur la vie, sur les aléas qui font que l’on est la personne que l’on est et pas une autre ; sur les USA, le XXème siècle, et l’écriture. J’ai lu ce roman fin 2022, et j’ai encore des scènes entières dans la tête, mieux que ça, des impressions, des souvenirs : j’ai connu un gars, en Amérique, au siècle dernier. Voici ses histoires.


[1qui m’a réconcilié avec Paul Auster, avec lequel mon premier contact il y a plus de 10 ans n’avait pas été concluant