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Rogue One

lundi 3 juillet 2023, par Sammy

Deux salles, deux ambiances ; après le mandalorien j’ai -enfin- regardé Rogue One.
Quelle claque mes petits enfants. Oubliez la dichotomie du clair et de l’obscur, oubliez la mièvrerie poisseuse dans laquelle Disney ne peut s’empêcher d’engluer tout ce qu’il touche [1], voici enfin une histoire de Star Wars traitée avec tous le sérieux qu’elle mérite.

Vous connaissez tous ce moment du premier Star Wars, tardivement renommé Un nouvel espoir, où il est expliqué, un peu par-dessus la jambe, que des gens courageux avaient sacrifié leurs vies pour obtenir les plans de l’étoile noire, c’est sympa de leur part, on ne les oublie pas, cœur avec les doigts [2]. C’est peu de dire qu’on savait dès le début que ça finirait mal, et ça ne finit effectivement pas bien [3]. Et dire qu’on a failli avoir droit à une fin toute molle. Rétrospectivement, c’est assez étonnant que ce soit la fin « dure » qui ait été validée par Disney [4].

Autant le dire tout de suite : c’est un bon film Star Wars. Allons y franchement : c’est le meilleur de tous les films Star Wars que j’aie pu voir à ce jour. C’est même un bon film tout court avant d’être un bon film Star Wars. Sur le fond comme sur la forme le film incarne parfaitement son propos : une rébellion qui se pense perdue, prête à toutes les compromissions pour continuer à résister, voire à exister, et prête à se déliter lors de la confirmation de la construction de l’étoile noire [5]. Même la révélation que la super-arme possède une faiblesse structurelle qui pourrait amener à sa destruction est accueillie avec fatalisme.

Et tout ça avec un personnage féminin fort, pas une princesse Leïa bikini-potiche-à l’aide Obi Wan Kenobi, ce qui ne gâche rien. Jyn Erso, c’est une vraie rebelle même si son seul objectif au début du film, c’est qu’on lui foute la paix. Mais, face à la tyrannie, certains choix s’imposent d’eux-mêmes.

De fait, point de punchline à la con, pas de second degré ni de pilote héroïque et trop cool. La guerre, fut-elle dans les étoiles, et jamais un épisode de la franchise n’aura autant mérité ce titre, ce n’est jamais cool. C’est toujours tragique. Mais le film n’est pas un pensum et on peut compter sur un droïde logorrhéique pour assurer le minimum d’humour indispensable à tout bon film d’action.

Et de l’action, il y en a et, après la pantalonnade de la prélogie et les bagarres un peu statiques de la trilogie originelle [6], on a des scènes d’actions dignes de ce nom. Je vais me répéter mais tant pis : même en restant sur le plan de l’action pure, c’est le meilleur des films Star Wars. Que ce soient les dogfights, les batailles rangées, les corps à corps [7] toutes les scènes de bagarre sont géniales, bien réalisées et sans ce côté too much dont ont pu souffrir d’autres films : quand un personnage se prend un tir de blaster entre les omoplates, il ne se relève pas en disant ouille ça pique. Il est mort.

Mais revenons à nos armes de destructions massives. Qui dit faiblesse structurelle dit espoir, qui dit espoir dit nouvel espoir [8], et c’est un peu lourdement surligné à plusieurs reprises, c’est le premier des deux reproches que j’ai à faire au film : on n’est pas des cruches, on connait nos classiques. Le second, c’est la façon dont l’héroïne passe un peu trop rapidement du ni-ni (ni l’Alliance, ni l’Empire) au motivational speech, mais c’est un peu le genre qui veut ça.

Bref, pour s’assurer de l’existence de la faille, il faut aller voler les plans. C’est là que tout le monde se débine et que le film entre dans sa partie dramatique. Aussi, après une première partie destinée à poser les personnages (Jyn Erso et Cassian Andor puis les principaux membres du commando), le dernier acte du film sera une longue séquence haletante, avec des aller-retours entre la bataille spatiale et la bataille terrestre, où l’on arrive quand même à se demander s’ils vont réussir à les avoir, ces plans, c’est dire si c’est bien fait.

Au final, que manque t-il pour que tout soit parfait dans la meilleure des galaxies lointaine, très lointaine ? Rien de moins qu’une trilogie entière sur ce ton adulte, cette histoire crédible et ce rythme haletant. Vous voyez : on peut parfaitement faire un bon film en se passant de jedi.

Eh Mickey, c’est vraiment trop demander ?


[1et le mandalorien, même si j’ai bien aimé, ne fait pas exception

[2hashtag quelaforcesoitavectoi

[3Quoi du spoil ? Pour un film sorti il y a presque 7 ans, on a le droit non ? Et si vous m’embêtez, je vous dit qui est Keyser Söze !

[4pour celleux qui auraient oubliés à quel point la souris aux grandes oreilles est frileuse, je vous rappelle que si la relation entre Finn et Poe est restée au stade de la bromance timide c’est parce que « les grands patrons de Disney n’étaient pas prêts à faire ça »

[5C’est assez bien amené d’ailleurs, au début c’est une sorte de légende urbaine galactique, puis petit à petit les preuves s’accumulent, jusqu’à la réunion des chefs de l’Alliance où Jyn Erso leur explique tout ce qu’elle a découvert.

[6bon d’accord, les motos volantes sur Yavin IV c’était cool

[7Je pense notamment à Chirrut Imwe, le moine-soldat adepte de la Force et Baze Malbus, le gros balèse à sulfateuse, qui sont deux personnages absolument géniaux, dommage qu’on ne doive plus les revoir. Hein, quoi ? J’ai rien dit, j’ai rien dit !

[8qui dit nouvel espoir... Jeff Tuche, sort de ce corps !

  1. Et quand je ne joue pas, je regarde le Mandalorien (S3)