Il faut le dire et le répéter : Macron a déjà commencé à mettre en œuvre le programme du RN, en accentuant les dimensions racistes et autoritaires du régime de la Ve République. Il a renforcé le colonialisme latent de l’Etat tout en détruisant à petit feu son modèle social, héritage historique de la gauche et du mouvement ouvrier. Il n’y a plus de différence de nature entre le programme du RN et l’action de Macron, seulement une différence de degré. C’est pourquoi Macron n’a aucun problème moral à favoriser la montée du RN. Si l’on ne comprend pas ça, on ne comprendra rien à la séquence.
On est d'accord.
En annonçant une dissolution à si brève échéance, avec un premier tour d’élection législative dans 3 semaines, Macron compte sur des résultats similaires à ceux des européennes, puisqu’il n’y aura pas de véritable campagne électorale et de débat public d’ampleur. Il compte donc sur un très bon score du RN. Pourquoi ?
La première hypothèse consiste à penser que Macron veut tenter la seule chose qui l’a fait gagner, en 2017 et en 2022, malgré la haine qu’il inspire à une grande partie de la population : se poser en recours face au danger RN. [..]
La seconde hypothèse, c’est que Macron veut une victoire du RN et une cohabitation avec un gouvernement d’extrême-droite.
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Il faut dire que puisque le RN ne s’oppose plus à l’euro et à l’UE, qu’il a vidé son programme économique et social de toute menace pour les intérêts des possédants, il est tout à fait possible pour la bourgeoisie de bien vivre avec un gouvernement RN. Et après tout, face à des mouvements sociaux très réguliers et une montée de la conflictualité sociale dans tous les secteurs, n’est-ce pas le meilleur plan possible que de compter sur l’extrême-droite pour remettre la société au pas ?
Wokéé, on arrive aux mêmes conclusions.
L'article rappelle plus haut que le pouvoir se préparait depuis au moins 10 jours à une victoire du FN aux européennes ET aux législatives, et s'attend à "entre 250 et 300 députés au Rassemblement national (RN) en cas de nouvelles élections législatives".
Alors on fait quoi ?
Car ensuite, il y a deux autres choses qu’il nous semble importantes de faire : d’abord, se préparer à une défaite en s’imaginant faire face à un pouvoir autoritaire comme jamais. Il faudra faire en sorte d’augmenter nos capacités de défense, en renforçant les mouvements de résistance au travail, notamment syndicaux, mais aussi les réseaux écologistes (car le RN est aussi un parti fondamentalement anti-écologiste), ainsi que toutes les instances de solidarité pour venir en aide aux premiers touchés par le régime à venir : réfugiés, jeunesse des quartiers, allocataires du RSA, pour commencer. Ce doit être le début d’un apprentissage de masse de la désobéissance civile. C’est pourquoi un mouvement social antifasciste est dès maintenant nécessaire : pas seulement pour favoriser une victoire de la gauche, mais aussi et surtout pour organiser la résistance future qu’elle doive se faire face à un gouvernement macroniste radicalisé ou un gouvernement RN, et favoriser un sursaut de la société française.