Et les jeunes gens qui ont envie d'aider la Palestine, qui rêvent d'un Etat palestinien ne se rendent pas compte que le plus grand ennemi de cet État, c'est le Hamas. Jusqu'à il y a dix jours en Israël, les Israéliens de gauche, dont je fais partie, passaient une nuit par semaine à manifester contre Netanyahou pour mille raisons et, entre autres, son traitement des Palestiniens. Il est évident que dès que les massacres ont commencé, l'unité s'est faite tout simplement pour une question de survie. Et je regrette que notre jeunesse connaisse aussi peu le Proche-Orient, son histoire, qu'elle ignore ce que c'est que ces territoires, ce que sont Israël et la Palestine. C'est l'empire turc, c'est le protectorat anglais et ce sont les Anglais en 1917, par la déclaration Balfour, qui ont promis la même terre aux Juifs et aux Arabes. Et on se débat depuis dans ce que le condominium anglais nous a laissé. Et dans ce domaine-là, plutôt que d'appeler à la haine, plutôt que d'appeler au sang, connaître l'histoire, connaître l'humain, parler aux gens qui sont là-bas, dire ce que personne n'ose dire. Dans les communications anglophones palestiniennes, on voit très bien qu'à Gaza, tout le monde a été surpris et tétanisé par l'attaque du Hamas parce que personne ne l'attendait. Elle a été téléguidée par l'argent iranien, par les chefs du Hamas qui sont tranquillement au Qatar et qui ne risquent rien du tout. Et derrière ça, il n'est question ni de Palestine ni d'Israël. Il est question du régime des mollahs qui essaye de ne pas disparaître et qui veut entraîner la région entière derrière elle dans le sang.
AH PUTAIN. Enfin quelque chose de sensé et d'humain sur cette tragédie. Merci Joann Sfar.
Cette phrase, on n’a eu de cesse de me l’adresser sans conviction ni vertu, pour m’astreindre à regarder l’ennemi commun en tant que mal unique. Combattre ceux qui commettent de tels crimes est une évidence ; néanmoins, le partage de responsabilité invoqué judiciairement m’empêcherait-il de souligner que l’inaction des hommes dits « de bien » pourrait être mise en cause ? Les « méchants » qui endossent le rôle de méchants, cela reste cohérent. Mais les « gentils » qui oublient d’endosser celui de gentils, comment les nomme-t-on ? Mon frère, Samuel Paty, n’a-t-il pas rempli sa part du contrat social pour que l’État ne lui ait pas assuré sa protection ?
Et curieusement, je suis certains que nos politiques et médias français ne seront absolument pas pressés de copier ce trait américain, pour une fois.
Je ne serai pas aussi catégorique. Il y a un fossé entre les affirmations médiatiques de politicards visant avant tout à la réélections / déplacement de la fenêtre d'Overton / surfer sur l'air du temps ou ce qu'ils croient être l'air du temps, et la réalité du travail policier / de renseignement.
La DGSI vient d’arrêter 13 membres du groupe d’extrême-droite Recolonisation France, on compte plusieurs militaires, dont un colonel de gendarmerie en poste dans les Yvelines. Ils ont des armes chez eux et constituaient des groupes armés composés de "Français patriotes".
La routine.
Mais si la surmédiatisation de Zemmour ne fait aucun doute, il n'en va pas de même d'une série de phénomènes souterrains, étrangement sous-médiatisés, au contraire. Revenons sur les derniers mois (et je ne suis ici attentif qu'aux faits impliquant des militaires ou des policiers, en activité ou retraités, ou dans lesquels sont impliquées des armes).
[...]
Ces deux découvertes d'armes, je me permets de les relier au démantèlement récent de l'étrange "opération azur", à la session de formation des préfets sur la chaîne du milliardaire zemmourien Bolloré CNews et, pour remonter au printemps, aux appels putschistes des généraux (un de ces généraux a été animateur cet automne d'une manifestation anti-pass, à Belfort, au cours de laquelle les journalistes de "l'Est Républicain" ont été menacés jusque dans leur bureau). Si cette "accélération" est une mise en scène théâtrale, il faut féliciter les metteurs en scène.
Au moins neuf attentats terroristes d’ultradroite ont été déjoués en France depuis 2017. Solitaires ou en groupes, la cinquantaine de personnes interpellées révèle une menace grandissante, aux contours flous, mais dont la réalité doit alerter.
CW : attentat, mort, blessure, mutilations, chirurgie lourde.
Un témoignage très dur, à la limite de l'insoutenable.
On parle d'une femme disparue...
Qui, pourtant, est vivante et plus encore, qui a sauvé des vies en empêchant un attentat, mais pour sa récompense a été jetée dans une existence absurde que l'Obs nous révèle. On l'appelle Sonia : le 15 novembre 2015, deux jours après les attentats du Bataclan des terrasses et du stade de France, une jeune femme l'avait emmené à la rencontre d'un homme qui se cachait dans un buisson porte d'Aubervilliers, qui lui avait lancé : "Vous allez voir vos fêtes de Noël, Poum ! Et les quartiers juifs ! Ahah, vous verrez, Poum ! Poum !"... Sonia avait appelé la police, et c'est ainsi qu'Abdelhamid Abaaoud, le leader du commando islamiste, avait été repéré et tué. Sans Sonia il serait allé semer la mort à nouveau, sans doute à la Défense, au centre commercial des Quatre Temps...
Sonia fut félicitée pour son courage, puis exfiltrée de notre monde, placée dans un programme de protection de témoins créé spécialement pour elle et ses trois enfants, dotée d'une nouvelle identité, une légende, inventée par des experts policiers. Mais nous ne sommes pas dans une série d'espionnage, et dans la vraie vie de Sonia, la légende est bancale, et l'épuisement sans fin.
Sonia était française, les autorités l'ont transformée en une femme née à l'étranger, la voilà forcée de montrer son acte de naturalisation pour chaque démarche administrative... Elle a perdu son histoire, elle est sans diplômes, ni employeurs qui pourraient la recommander, elle peine à trouver du travail. Son fils lycéen n'a jamais pu intégrer Parcours sup, il n'avait pas passé le brevet et le bac sous le même nom. Sa fille qui souffre d'une maladie chronique, a été déclarée morte, elle l'a découvert dans l'hôpital où on la soignait. Un autre de ses enfants ayant participé à une fête alcoolisée et bruyante, a présenté ses vrais-faux papiers à des policiers, mais un voisin l'a reconnu qui l'avait connu petit, il a dit aux forces de l'ordre que le garçon mentait : il a fallu une intervention de la haute magistrature pour empêcher un procès où on aurait lu ses deux identités...
Sonia a peur, Sonia n'est plus libre, les autorités lui versent un salaire de compensation qui se réduit comme peau de chagrin, et qui est amputé d'amendes, si elle ou ses enfants se conduisent mal, imprudemment, s'ils parlent à la presse par exemple... C'est donc l'avocate de Sonia qui dit à l'Obs son rêve d'un pavillon à la campagne, loin de tout, on nous dit aussi qu'en dépit de l'absurde, elle est en danger, une inscription "balance de terroriste" a été tracée ans le parking de son immeuble...
Pensera-t-on à Sonia la semaine prochaine quand le procès des attentats de novembre aura commencé ?
Glaçant.
Terrifiant.
Honteux.
An Alabama man allegedly parked a pickup truck packed with 11 homemade bombs, an assault rifle and a handgun two blocks from the US Capitol building on Wednesday for hours before authorities ever noticed, according to federal prosecutors.
Je crois qu'on peut raisonnablement dire qu'on a échappé au pire.
La montée du terrorisme d'extrême-droite, adossée au mythe collapsologique, aux violences féminicides et au racisme. Mais bon, c'est ailleurs hein, pas en France.
Des écoliers de 10 ans ont été entendus pendant 9 heures par la police pour apologie du terrorisme.
Des enfants de 10 ans ont été placés en garde à vue 9 heures pour avoir, dans le pire des cas, répétés des conneries entendues à la maison.
Des enfants de 10 ans sont arrêtés par la police en France.
En France, la police arrête des enfants de 10 ans.
En France.
Alors, si on récapitule, depuis 2000 nous avons :
Vu l'ampleur des moyens mobilisés et le nombre et la durée des atteintes aux libertés individuelles commis au nom de la "lutte contre le terrorisme", j'ai bon espoir de voir arriver d'ici peu :
Ou pas.
CW : mort, terrorisme
Alors que les médias étaient totalement focalisés sur l’histoire personnelle du terroriste, soulignant son engagement à inciter à la « guerre civile » en Amérique et à montrer son admiration pour une clique hétéroclite de suprématistes blancs tels que Dylann Roof et Anders Breivik, j’ai embrassé les victimes musulmanes. Et j’ai ouvert un fil de discussion pour partager leurs histoires, célébrer leurs vies et faire connaître leurs noms.
Si nous ne racontons pas nos propres histoires, les médias dominants nous ont confirmé maintes et maintes fois que personne ne le fera. Les musulmans sont généralement dignes d’intérêt quand ils sont du côté des méchants – pas du côté des victimes. Et l’islamophobie se perpétue en décrivant les musulmans, victimes ou méchants, comme un bloc sans visage, sans nom et monolithique.
Le fil Twitter : https://twitter.com/KhaledBeydoun/status/1106746726864637952
Il y a des enfants de 3 ans parmi les victimes.
Tiré du shaare précédent, mais j'aime bien séparer les sujets entre plusieurs shaares :
«On a vécu en France un terrorisme islamiste assez meurtrier, si on veut jouer à de la comptabilité, on n’est pas encore dans l’équilibre. Il ne faut pas s’aventurer sur le terrain du match retour»
Guillaume Tabard. Rédacteur en chef au Figaro, journal qui a des valeurs vachement actuelles lui aussi.
En 2015, on a condamné des palanqués de pauvre type au gnouf pour apologie du terrorisme, pour des propos beaucoup moins explicites que ça. Mais ils ne devaient pas être rédacteur en chef au Figaro.
Je viens juste de penser que les tarés à l’œuvre dans les attentats de Nouvelle-Zélande rappellent fortement, par leur mode opératoire et leur logique de psychopathe, Anders Breivik.
Et juste après je me dis qu'il y en aura fatalement d'autres.
Je pose ça là, en passant.
Ah, au fait :
Un «manifeste» expliquant les motivations de l’attaque a été publié vendredi matin sur un compte Twitter portant le même nom et la même image profil que la page Facebook ayant diffusé l’attaque en direct. Intitulé « le Grand remplacement», ce document de 73 pages déclare que le tireur voulait s’en prendre à des musulmans. Le titre semble être une référence à une thèse de l’écrivain français Renaud Camus sur la disparition des «peuples européens», «remplacés» selon lui par des populations non-européennes immigrées, qui connaît une popularité grandissante dans les milieux d’extrême droite.
http://lavdn.lavoixdunord.fr/552318/article/2019-03-15/le-tireur-identifie-comme-un-terroriste-extremiste-de-droite
Perquisitions massives, mises à l’isolement systématique en détention préventive, déportations administratives, déchéance de nationalité… la liste des mesures adoptées par la Belgique au nom de la lutte contre le terrorisme et le radicalisme est extensible ad nauseam.
Ces lois et pratiques des institutions répressives et judiciaires se traduisent par une augmentation spectaculaire de la violence institutionnelle exercée sur certaines populations. Ou du moins elle serait spectaculaire si elle n’était pas en partie invisibilisée.
Cette série de courtes émissions radio proposent quelques éléments pour rendre visibles les conséquences des politiques antiterroristes et anti-radicalisme et démonter les opérations politiques qui les sous-tendent.
Et encore, je ne passe pas mon temps à toutes les relever. Mais celles-ci méritent la grosse honte.
Raphaël Enthoven :
J'appelle connard celui qui s'agenouille sans qu'on l'y contraigne. Et qui prend ça pour de la subversion, alors qu'il offre l'image d'une servitude volontaire.
https://twitter.com/Enthoven_R/status/1072513100820217857Honteuse comparaison des lycéens élevés en République, qui s'agenouillent aux cris de "tout le monde déteste la police", et des militants noirs, élevés sous la ségrégation, qui mettent symboliquement un genou à terre pour l'égalité des droits. N'est pas victime qui veut.
https://twitter.com/Enthoven_R/status/1072744744621498368
Philippe Bilger :
Le terrorisme est revenu à Strasbourg. Les Gj seraient irresponsables en ne s’apaisant pas et en maintenant leur projet de 5 ème manifestation pour samedi prochain. La France ne pourrait pas assumer efficacement 1 double front dont l’un est gravissime et l’autre a été entendu.
https://twitter.com/BilgerPhilippe/status/1072610428474277890
Maxime Nicolle :
N.B. : Maxime Nicolle est un "leader" autoproclamé des gilets jaunes, qui a connu son heure de gloire la semaine dernière en faisant enfler une rumeur selon laquelle il était en contact avec un mystérieux "Monsieur X", détenteur de secrets capables de "faire plier le gouvernement" et susceptibles de "déclencher la 3ème guerre mondiale" => un lien vers l'hallucinante "conférence de presse"
Dites-vous bien que le mec qui veut faire un attentat vraiment, il attend pas qu'il y ait 3 personnes dans la rue le soir à 20h00"...
https://twitter.com/conspiration/status/1072618237505007618
Des flics en train de tirer des balles de caoutchouc
"- Ouais ! Dans ta gueule !"
"- Bouyaka ! Bouyaka !"
"- Fils de pute !"
"- A voté !"
https://twitter.com/Nantes_Revoltee/status/1072616260523970560
Seul garde-fou pour les personnes prises dans les rets du ministère de l’Intérieur : une personnalité qualifiée de la CNIL, chargée de contrôler la régularité des coups de sécateur. En l’espèce, Alexandre Linden, conseiller honoraire à la Cour de cassation. Et parfois, le blocage coince.
[...]
Dans chacun de ces quatre cas, Alexandre Linden déploie le même argumentaire pour contester la mesure de blocage (et saisir le juge administratif) :
“J’observe que [la qualification d’actes de terrorisme] n’est pas retenue par les autorités judiciaires, le parquet antiterroriste de Paris ne s’étant pas saisi [...] Dans ces conditions, je considère que les demandes de retrait et de déréférencement en cause ne sont pas justifiées”.
Qui décide de ce qu’est le terrorisme ?Réponse du tac-au-tac de Stéphane Fratacci, directeur de cabinet de Gérard Collomb et ancien de chez Brice Hortefeux, dans un courrier daté du 8 février dernier : la décision administrative n’est pas subordonnée “à une qualification pénale retenue par l’autorité judiciaire”. Selon lui, “les publications incriminées revendiquent bien des actes commis avec l’intention de “troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur”, en l’espèce à l’encontre des forces de sécurité intérieure”. En résumé, le juge judiciaire est prié de rester à l’écart de ce qui ne le regarde pas.
C'est terrifiant : un organe administratif, sans aucun contrôle du juge, que l'on prie d'ailleurs gentiment de regarder ailleurs, bloque n'importe quel site sur sa simple appréciation.
Ces documents, obtenus par Julien Rabier, alias Taziden, fournisseur d’accès associatif et militant des libertés numériques, montrent bien l’opacité de cet itinéraire bis, qui privilégie toujours la ligne droite et n'aime pas trop les ralentissements. Sa toxicité aussi : sur Télérama, je pourrais recopier un lien identifié par l’OCLCTIC sans craindre de représailles (c’est un bon test) ; après tout, l’un des textes publiés sur Indymedia a été repris tel quel par le Dauphiné Libéré. Mais quid d’un blogueur anonyme ou d’un petit média associatif ? Maintenant que l’apologie du terrorisme relève du droit commun - et plus de la loi de 1881 sur la liberté de la presse -, qui décide de ce qu’est le terrorisme : un juge ou un flic ?
Même si ce n'est pas nouveau, de plus en plus, l'étiquette "terrorisme" est un outil bien commode de répression policière. On court à la catastrophe, réveillez-vous.
Il aurait fallu marquer notre solidarité. Il aurait fallu descendre dans la rue tout de suite. Il aurait fallu dire et redire, crier et hurler. Nous sentons que nous aurions dû exiger des gouvernements de franches condamnations, des déplacements tout de suite. Pourquoi les Chefs d'Etat ne sont-ils pas à Mogadiscio aujourd'hui? Pourquoi ne défilent-ils pas, comme ils l'ont fait à Paris? Devrait-on seulement défiler pour des victimes parisiennes ou parce que des français sont touchés ?
Attentat de Mogadiscio du 14 octobre 2017. Attaque au camion piégé. Plus de 300 morts recensés à cette date.