Deux pleines pages et une Une pour faire la pub de l'IA, "incontournable" sans qu'on sache bien pourquoi, et sans une seule mise en garde sur les dangers, bien réels, de cette technologie en plein essor. Aucune mention, dans le Parisien, de l'incompatibilité totale de l'IA avec la lutte contre le réchauffement climatique : l'intelligence artificielle détruit activement la planète et consomme tant de CO2 qu'elle a mené, en 2024, les géants du net à abandonner leurs objectifs de neutralité carbone. Aucune mention non plus, dans le Parisien, du fait que des centaines de spécialistes du sujet, y compris des ancien·nes salarié·es d'OpenAI et autres entreprises d'IA, ont signé une lettre ouverte dans le New York Times alertant sur le "risque existentiel pour l'humanité" que pose l'intelligence artificielle. La philosophe étatsunienne Shannon Vallor alerte également sur les dangers pour notre humanité, notre jugement moral et notre capacité à raisonner logiquement que pose l'habitude de se reposer sur l'IA pour penser et créer à notre place. Des dangers bien illustrés, inconsciemment, par cet article du Parisien, qui ressemble un peu trop à la prose de ChatGPT - et épouse en tout cas son optimisme fade et creux.
C'est un axiome qu'on peut lire dans les deux sens : l'IA rend cons, les cons aiment l'IA.
Nous avons une bonne nouvelle à vous partager : nous avons décidé de vous offrir un abonnement de trois mois à Mediapart.
En ces mois d’hiver politique et climatique, nous avons besoin de nous réchauffer et de nous retrouver, avec nos lectrices et nos lecteurs, autour des valeurs qui nous sont chères. La solidarité est l’une d’entre elles.
Il se trouve que Mediapart vient de recevoir, de manière tout à fait inattendue, un legs d’un de ses abonnés de la première heure. Il s’agit de Jacques Baynac, qui fut un écrivain, historien et scénariste, né en 1939, connu notamment pour ses positions libertaires et anti-négationnistes. Disparu cette année, il avait notamment oeuvré à démystifier l’histoire de la Révolution russe et à rendre hommage à la cohérence des engagements du résistant Jean Moulin.
Très touché·es par ce geste d’une incroyable générosité, nous avons choisi d’en faire profiter à notre tour celles et ceux d’entre vous qui nous lisez depuis longtemps, mais, qui, pour des raisons financières, ont dû interrompre à regret leur abonnement.
Le quotidien espagnol La Vanguardia, basé à Barcelone, a annoncé, jeudi 14 novembre, qu'il ne publierait plus de contenus sur X, devenu selon lui "un réseau de désinformation". La décision intervient au lendemain d'une annonce similaire du quotidien britannique The Guardian.
Voilà.
Une dizaine de journalistes ont-ils fait basculer les élections ? Depuis l’annonce des résultats du second tour des législatives, le travail des quelques rédactions ayant enquêté sur les candidats investis par le Rassemblement national (RN) apparaît comme l’un des ingrédients expliquant l’issue surprenante du scrutin. Au point que de nombreux observateurs attribuent en partie aux révélations conjointes de ces médias – ils ont montré que plus d’une centaine des candidats RN agissent ou parlent de façon raciste, homophobe, antisémite, pro-Poutine, conspirationniste... – les résultats plus faibles qu’attendus du Rassemblement national au second tour. Le constat est visiblement partagé au sein du RN : son directeur général, missionné après la dissolution pour fournir 577 candidatures ripolinées ou au-dessus de tout soupçon, a annoncé ce lundi 8 juillet sa démission. Un départ jusque-là « jamais évoqué avec la presse ni communiqué aux cadres du parti », précise Le Monde.
Au même moment, à Libération, à Streetpress ou à Mediapart, les journalistes spécialistes de l’extrême droite et leurs rédactions en chef ont arrêté de compter les mails, les tweets et les courriers de remerciements. Ils ont la reconnaissance d’une partie de la profession : on a par exemple interrogé Nicolas Berrod, journaliste au Parisien, auteur dimanche soir d’un thread listant les résultats obtenus par les candidats et candidates visés par les révélations de ses confrères et consoeurs. Après s’être plongé dans leur travail, il se dit « admiratif » devant le temps et les moyens consacrés à cette enquête et bien sûr devant les résultats obtenus.
Une presse qui fait son travail, c'est chouette quand même.
RSF victime d'une campagne de désinformation (avec faux sites, etc) émanant directement de sbires à la solde Bolloré. Ce type est de plus en plus terrifiant.
via des shaarlistes
Le groupe de transport maritime CMA CGM, dirigé par le Franco-Libanais Rodolphe Saadé, a annoncé aujourd’hui avoir « finalisé ce jour l’acquisition de 100 % du capital d’Altice Media », propriétaire de BFMTV et RMC
[...]
CMA CGM détient les médias La Provence, Corse-Matin, La Tribune ainsi que des participations dans M6 et Brut.
Cinq journalistes de France Télévisions ont été «mis en retrait» pour avoir pris position contre l’extrême droite. Il y a quelques jours, une tribune, qui avait été signée par plus de 80 médias, appelait à défendre la liberté de la presse face aux menaces du Rassemblement National. S’inquiéter du manque de pluralité en cas de régime autoritaire : cela parait logique de la part de journalistes, pensez-vous.
Pas pour France Télévision. Les 5 journalistes, membres de la société des journalistes (SDJ), sont désormais interdits de couvrir les élections législatives. Une décision justifiée par la direction comme une mesure de «prévention des conflits d’intérêts».
Le quotidien avait affiché sur sa une en date de jeudi, après la visite d'Emmanuel Macron, une photo avec la citation : "Il est parti et nous, on est toujours là." [NB : le "nous" étant les dealers]Un traitement éditorial qui a déplu en "haut lieu", selon les syndicats du quotidien.
J'en aurais des trucs à dire... mais pas le courage.
Eh oui... nous sommes dans un monde où tout doit être en permanence remis en question. Intellectuellement stimulant, mais crevant à la longue.
Ceci étant, cette Une est intéressante : fake news, vraie conséquences. L'image est peut-être fausse, mais la réalité qu'elle recouvre est vraie.
A ce titre, je trouve l'explication de Libé assez juste :
Directeur de la publication de Libération, Dov Alfon fait cette réponse : «Beaucoup des pancartes brandies dans les manifestations du 17 octobre étaient en effet générées par IA, qui devient ces derniers mois le socle artistique de protestations, comme auparavant l’étaient des pantins, poupées ou squelettes. Cette photo de l’agence Associated Press représente justement «le spectre de l’embrasement», notre titre sur cette une (spectre : «apparition fantastique, généralement effrayante, d’un mort ou d’un esprit ; image effrayante, sinistre, aux contours irréels»). Le centre de la photo est le manifestant en colère, pour qui la vérité importe peu.»
Pantin, dessin ou fausse photo : ce ne sont que les symboles pour afficher une colère bien réelle. Je vais aller voir si André Gunthert en parle, tiens.
Allez, un p'tit coup de "X" avant d'aller manger (c'est toujours mieux dans ce sens, sinon ça fait vomir).
Interrogé sur la journaliste de Disclose placée en gàv après avoir vu son domicile perquisitionné, le porte-parole n'a rien à dire, soi-disant parce que ce n'est pas le bon contexte, mais si on l'invite [ici : chez Médiapart], il voudra bien répondre. On parie qu'il n'aura jamais le temps de s'y rendre, ou alors qu'il servira une langue de bois tellement rapeuse qu'elle fera des copeaux ?
Et en plus, il ment au sujet de la perquisition à Médiapart.
C’est parfait, changez rien surtout.
Une perquisition a été menée, mardi 19 septembre, au domicile personnel d’Ariane Lavrilleux, journaliste de Disclose et co-autrice de la série d’enquêtes « Egypt Papers ». Accompagnés d’un juge d’instruction, des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont placé la journaliste en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour compromission du secret de la défense nationale [...] L’objectif de ce nouvel épisode d’intimidation inadmissible à l’égard des journalistes de Disclose est clair : identifier nos sources ayant permis de révéler l’opération militaire Sirli, en Égypte. En novembre 2021, Disclose s’appuyait sur plusieurs centaines de documents « confidentiel-défense » pour documenter une campagne d’exécutions arbitraires orchestrée par la dictature égyptienne du maréchal Al-Sissi, avec la complicité de l’État français.
Une journaliste travaillant pour le site d’information Made in Marseille a été victime d’une « agression physique (…) de la part d’un CRS » en marge de la visite du président de la République dans la cité phocéenne [...] « Ce contrôle injustifié a dégénéré lorsque l’agent a trouvé sa carte de presse lors d’un contrôle d’identité, puis l’a étranglée alors qu’elle tentait de téléphoner à notre rédactrice en chef pour nous alerter sur la situation », poursuit le communiqué, qui évoque également des « insultes misogynes » et des « propos dégradants tenus par l’agent » à l’égard de la journaliste.
« La mesure diligentée le 4 février 2019, écrit le tribunal de Nanterre, qui n’a pas produit d’effets à raison du refus de la société Mediapart, doit être qualifiée de perquisition. […] La mesure, grave en elle-même pour tout organe de presse, ne tendait pas à la seule obtention des enregistrements, le cas échéant en copie, mais à la vérification de leur authenticité et des modalités de leur captation, investigations qui impliquaient nécessairement un accès au support et à ses éventuelles métadonnées qui sont de nature à permettre, directement ou non, l’identification de la source. […] Cette démarche constituait donc une ingérence dans la liberté d’expression exercée par la société Mediapart, d’autant plus sérieuse qu’un risque d’atteinte au secret des sources ne peut se concevoir que dans des circonstances exceptionnelles. […] Cette ingérence […] n’a aucune base légale prouvée, ce qui emporte en soi sa disproportion et exclut toute justification de l’atteinte, de ce seul fait grave. […] En conséquence, la perquisition litigieuse n’était ni nécessaire dans une société démocratique ni proportionnée à l’objectif poursuivi. »
J'avais loupé ça.
Je pense que c'est le bon moment pour le ressortir.
Le groupe réclamait près d’un million d’euros aux rédacteurs en chef d’Epsiloon et à son éditeur pour «diffamation», «concurrence déloyale» et «parasitisme». Le tribunal judiciaire de Nanterre l'a débouté «de l’ensemble de ses demandes»
YES !
Inutile de revenir sur les partis pris et les obsessions (extrême) droitières de Sonia Mabrouk, son militantisme échevelé sous couvert de journalisme, ses entretiens « deux poids, deux mesures »... tout cela est bien connu – en tout cas, nous l’avons déjà clairement établi. Alors pourquoi revenir sur le nouvel épisode de cette déplorable série ? Parce que Mme Mabrouk persiste, récidive et aggrave périodiquement son cas, sans que ces pratiques (qu’elle partage avec d’autres au sein des médias dominants) soient dénoncées comme elles le méritent.
Ce 19 janvier, Marine Tondelier n’est pas invitée pour livrer son regard sur l’actualité sociale – l’un des mouvements sociaux les plus puissants des trente dernières années contre une réforme gouvernementale –, ni pour expliquer ses arguments contre le projet qu’elle combat, et encore moins pour évoquer ses contrepropositions. Jamais d’ailleurs on ne lui demande son « avis » sur quoi que ce soit (sinon sur des « menaces » contre des élus et des violences... potentielles !) L’interview n’est qu’un long réquisitoire, qui réussit le tour de force de réunir toutes les figures imposées du genre et de battre des records dans presque toutes les catégories : morgue, mépris, injonctions, insinuations, mauvaise foi et attaques ad hominem... Tout y passe, au cours d’un interrogatoire au plan aisément repérable, préparé autour de quatre questions-accusations, inlassablement répétées ou (à peine) reformulées, qu’on peut résumer ainsi :
- Est-ce que vous assumez d’être une « zadiste » antidémocratique ?
- Est-ce que vous condamnez les menaces sur des élus ?
- Est-ce que vous condamnerez les violences des manifestants ?
- Est-ce que vous n’avez pas honte de critiquer les milliardaires ?
[...]
Que Sonia Mabrouk laisse libre cours à ses préjugés et partis pris politiques, sans limite ni complexe, sur une radio rachetée et reprise en main par Vincent Bolloré, c’est après tout dans la logique des choses. En revanche, une question ne manque pas de se poser : combien d’interrogatoires, d’attaques, de sommations et d’humiliations les responsables d’une gauche qui prétend remettre en cause l’ordre social devront-ils essuyer face aux Sonia Mabrouk et consorts pour se décider à questionner, collectivement, ce genre de « journalisme » – et le rapport qu’ils doivent entretenir avec lui ?
Plusieurs chercheurs regrettent auprès d'ASI que l'Inria ait préféré dépenser de l'argent public pour un tel sondage, à la valeur scientifique nulle selon eux, plutôt, par exemple, qu'une enquête réellement scientifique, menée avec des sociologues, afin de faire avancer la connaissance sur le rapport des Français au numérique. "Dans une période où les budgets sont contraints, où on a parfois même du mal à pouvoir embaucher des doctorants ou d'autres personnels pour mener à bien les recherches, c'est un peu problématique", fait remarquer à Arrêt sur images un·e délégué·e syndical·e. Mais c'est en réalité tout le plan de communication qui a été vivement débattu, notamment sur une liste de discussions interne à l'Inria. "Les bons journaux sont ceux susceptibles de reprendre la communication de l'institut, et les mauvais journaux sont ceux qui sont susceptibles d'aller gratter. C'est en contradiction avec notre propre esprit critique. Ça ne peut que heurter la conscience d'un chercheur", explique un autre représentant syndical.
La comm', ça reste de la comm', et on ne va pas reprocher à une agence de comm' de faire son boulot, sentit-il un peu le caca.En revanche, l'emploi d'argent public pour ce genre d'exercice, dans un contexte de pénurie et de difficultés de recrutement DOIT être questionné, ainsi que la désignation de "méchants" médias (càd : ceux qui ne servent pas la soupe, nominativement cités dans le plan de comm : Le Canard enchaîné, Médiapart, Cash investigation et La Lettre A ; bref : un vrai gage de qualité).
Autre problème cité dans l'article : l'instrumentalisation de l'INRIA au service de la "startup nation" (et l'éventuelle mise au pas des voix discordantes).
Pour avoir enquêté sur les contrats passés entre l’armée et des entreprises privées, le cofondateur de Disclose et deux journalistes de Radio France sont convoqués par les services de renseignement intérieur français.