Les Echos parlent de poésie. C'est sûrement parce qu'il y a un marché ^^
Un peu de poésie pour bien finir la semaine : et vous, quel est votre alexandrin favori ?
Traduire Villon ? Pas bête, mais je me demande si on ne perd pas en charme ce qu'on gagne en compréhension, tant il est brai qu'une bonne part de ce qui nous semble poétique chez Villon tient à l'archaïsme d'une langue que l'on ne comprend plus. Je note au passage qu'indirectement et grâce à Villon, Pierre Michon met un pied dans la Pléiade...
Ses contes ne sont certes pas à mettre entre toutes les mains, mais on est quand même très loin de Sade...
On ne peut pas dire qu'il ait d'abord écrit les contes, puis les fables, étant donné qu'il a mené les deux genres de front. Mais il est vrai qu'il a du renier ses contes à la fin de sa vie, à une époque où il régnait une sale mentalité niveau religion et pudibonderie.
La citation "« Le corbeau honteux et confus
Souleva sa jaquette
Et lui montra son cul »"
pour charmante qu'elle soit est parfaitement apocryphe ! :D
Si vous voulez voir à quoi ressemblent les contes de La Fontaine, jetez un œil ici : https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Jean_de_La_Fontaine
Je vous conseille "Comment l'esprit vient aux filles" http://www.lafontaine.net/lesContes/afficheConte.php?id=47 ou Le faiseur d'oreilles et le racommodeur de moules http://www.micheloud.com/FXM/Lafontaine/faiseur.htm ou bien encore Le cocu battu et content http://www.lafontaine.net/lesContes/afficheConte.php?id=5
Je découvre que Daniel Radcliffe a interprété Allen Ginsberg (https://fr.wikipedia.org/wiki/Allen_Ginsberg) dans un film sorti en 2013 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Kill_Your_Darlings).
Je découvre du même coup qu'il pratique la poésie lui-même, qu'il souffre de dyspraxie et d'algie vasculaire de la face. La vache. https://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Radcliffe#Vie_priv.C3.A9e
Hommage à la Légende des Siècles, par Christine Jeanney.
Et c'est vrai que c'est bien La Légende des Siècles, surtout les petites épopées ; j'ai trouvé les hyper longs poèmes de la fin du recueil un peu barbants par contre.
Fascinant. Je regrette de ne pas mieux connaître l’œuvre de Serge Gainsbourg.
Un autre poème de Hugo que j'aime bien, et qui fait un bon pendant au précédent je trouve. Et j'emmerde les niaiseux de Twitter.
La nuit était fort noire et la forêt très-sombre.
Hermann à mes côtés me paraissait une ombre.
Nos chevaux galopaient. A la garde de Dieu!
Les nuages du ciel ressemblaient à des marbres.
Les étoiles volaient dans les branches des arbres
Comme un essaim d'oiseaux de feu.
Je suis plein de regrets. Brisé par la souffrance,
L'esprit profond d'Hermann est vide d'espérance.
Je suis plein de regrets. O mes amours, dormez!
Or, tout en traversant ces solitudes vertes,
Hermann me dit : «Je songe aux tombes entr'ouvertes;»
Et je lui dis : «Je pense aux tombeaux refermés.»
Lui regarde en avant : je regarde en arrière,
Nos chevaux galopaient à travers la clairière;
Le vent nous apportait de lointains angelus; dit :
«Je songe à ceux que l'existence afflige,
A ceux qui sont, à ceux qui vivent. -- Moi, lui dis-je,
Je pense à ceux qui ne sont plus!»
Les fontaines chantaient. Que disaient les fontaines?
Les chênes murmuraient. Que murmuraient les chênes?
Les buissons chuchotaient comme d'anciens amis.
Hermann me dit : «Jamais les vivants ne sommeillent.
En ce moment, des yeux pleurent, d'autres yeux veillent.»
Et je lui dis : «Hélas! d'autres sont endormis!»
Hermann reprit alors : «Le malheur, c'est la vie.
Les morts ne souffrent plus. Ils sont heureux! j'envie
Leur fosse où l'herbe pousse, où s'effeuillent les bois.
Car la nuit les caresse avec ses douces flammes;
Car le ciel rayonnant calme toutes les âmes
Dans tous les tombeaux à la fois!»
Et je lui dis : «Tais-toi! respect au noir mystère!
Les morts gisent couchés sous nos pieds dans la terre.
Les morts, ce sont les coeurs qui t'aimaient autrefois
C'est ton ange expiré! c'est ton père et ta mère!
Ne les attristons point par l'ironie amère.
Comme à travers un rêve ils entendent nos voix.»
Merci de m'avoir fait découvrir ce beau poème que je ne connaissais pas. Et comme la culture, c'est comme toutes les bonnes choses, je partage :
L'étang mystérieux, suaire aux blanches moires,
Frisonne; au fond du bois la clairière apparaît ;
Les arbres sont profonds et les branches sont noires ;
Avez-vous vu Vénus à travers la forêt ?
Avez-vous vu Vénus au sommet des collines ?
Vous qui passez dans l'ombre, êtes-vous des amants ?
Les sentiers bruns sont pleins de blanches mousselines;
L'herbe s'éveille et parle aux sépulcres dormants.
Que dit-il, le brin d'herbe ? et que répond la tombe ?
Aimez, vous qui vivez ! on a froid sous les ifs.
Lèvre, cherche la bouche ! aimez-vous ! la nuit tombe;
Soyez heureux pendant que nous sommes pensifs.
Dieu veut qu'on ait aimé. Vivez ! faites envie,
O couples qui passez sous le vert coudrier.
Tout ce que dans la tombe, en sortant de la vie,
On emporta d'amour, on l'emploie à prier.
Les mortes d'aujourd'hui furent jadis les belles.
Le ver luisant dans l'ombre erre avec son flambeau.
Le vent fait tressaillir, au milieu des javelles,
Le brin d'herbe, et Dieu fait tressaillir le tombeau.
La forme d'un toit noir dessine une chaumière;
On entend dans les prés le pas lourd du faucheur;
L'étoile aux cieux, ainsi qu'une fleur de lumière,
Ouvre et fait rayonner sa splendide fraîcheur.
Aimez-vous ! c'est le mois où les fraises sont mûres.
L'ange du soir rêveur, qui flotte dans les vents,
Mêle, en les emportant sur ses ailes obscures,
Les prières des morts aux baisers des vivants.
Et ne t'inquiète pas trop pour les quelques abrutis qui font des fautes jusque dans les insultes ; ça m'inquiète surtout pour Twitter, qui n'est plus le "MSN pour CSP +" qu'il fut à ses débuts ^^
Allez, pour le plaisir :
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
Sinon, très bon post de Klaire, comme toujours. J’admire et sa capacité à synthétiser, et sa capacité à faire rire avec tout. Remarque personnelle : si on était tout à fait cohérent, ce n'est pas le 8 mai qui serait férié, mais le 2 septembre, date de la capitulation du Japon, et fin de la WW2. J'ai failli faire un shaare là dessus le 8 mai d'ailleurs.
Pour la première et sans doute la dernière fois, je recopie ici un article entier, parce qu'on ne peut pas en couper un morceau sans risquer de perdre une information.
Il y a une vingtaine d'années, l'écrivaine américaine Carole Diehl était jurée dans un concours de slam poétique. Deux très jeunes Latinos s'étant livrés à une performance assez "désobligeante" [derogatory…] envers les femmes (réduites à leurs organes génitaux, pour tout dire), Carole Diehl et une autre jurée, Denise Duhamel, décidèrent de ne pas voter. Elles estimaient que leur mission consistait à noter la qualité du travail, non son contenu, mais dans le cas présent le contenu leur paraissait inacceptable. La semaine suivante, Carole Diehl lut un poème destiné à renverser légèrement les perspectives. Ce poème s'intitule "Pour les hommes qui n'ont toujours pas compris". En voici la traduction — bonne lecture, les mecs :
"Et si
toutes les femmes étaient plus grandes et plus fortes que toi
et se croyaient plus intelligentes
Et si
c’étaient les femmes qui déclenchaient les guerres
Et si
des tas d’amis à toi avaient été violés par des femmes
et sans vaseline
Et si
le policier de la route
qui t’arrêtait sur l’échangeur du New Jersey
était une femme
et portait une arme
Et si
le fait d’avoir ses règles
était la condition pour décrocher les boulots les mieux payés
Et si
l’attrait que tu exerces sur les femmes dépendait
de la taille de ton pénis
Et si
chaque fois qu’une femme te voyait
elle sifflait et faisait des gestes saccadés avec les mains
Et si
les femmes faisaient toujours des blagues
sur la laideur des pénis
et le gout désagréable du sperme
Et si
tu devais expliquer ce qui cloche dans ta voiture
à de grosses femmes suantes aux mains huileuses
qui fixent ton entrejambe
dans un garage où tu es entouré
par des affiches de types nus en érection
Et si
des revues pour hommes publiaient des photos
de gamins de quatorze ans
avec des chaussettes
fourrées dans leur jean au niveau de l’entrejambe
et des articles du style
« Comment savoir si votre femme est infidèle »
ou
« Ce que votre médecin ne vous dira pas sur votre prostate »
ou
« La vérité sur l’impuissance »
Et si
le médecin qui examinait ta prostate
était une femme
et t’appelait « mon chou »
Et si
tu ne pouvais pas t’enfuir
parce que le dress code la boîte où tu bosses
exige que tu portes des chaussures
conçues pour t’empêcher de courir
Et si
après tout ça
les femmes voulaient encore
t’aimer."
via Seenthis http://seenthis.net/messages/217304
Jeux de lettres etc.
Pataphysique, Luc Etienne, Alphonse Allais et Jean-Baptiste Botul ^^
"malheureusement, tout cela dégénère en “vroum-vroum”, c’est à dire en poésie de performance à grands coups de happenings désormais mise en exergue dans toute entreprise de spectacle dit vivant, parfois vide de mots mais pleine de sons, oralité privilégiée au détriment du texte poétique et de son écriture."