Lu à l'instant sur Brief.me :
Le gouvernement a présenté aujourd’hui en Conseil des ministres un projet de loi sur la fin de vie. Il prévoit de rendre possible l’accès à une « aide à mourir » sous cinq conditions, énoncées ce matin par la ministre de la Santé, Catherine Vautrin : être majeur, résider en France ou être de nationalité française, être atteint d’une affection grave et incurable, souffrir de douleurs insupportables et réfractaires au traitement et enfin exprimer sa demande de manière libre et éclairée. Ces trois dernières conditions « feront l’objet d’un examen par un médecin » qui prendra l’avis de deux autres professionnels de santé, a-t-elle précisé.
Pétain. Alors si tu as affection grave et incurable, mais que tu ne souffres pas de douleurs insupportables (maladies neurodégénératives, locked-in syndrome, et j'arrête de réfléchir parce que je vais faire une crise d'angoisse), ben le gouvernement estime que toi, on pourra pas t'aider à mourir parce que t'as pas mal.
Un excellent article de Martin Winckler sur un sujet qui me tient à cœur.
Aujourd'hui je vais juste parler de terminologie. Des mots qu'on emploie et de ceux qu'on pourrait choisir (il me semble) employer à leur place.
Et donc le mot d'aujourd'hui est "euthanasie".
Étymologiquement, ça vient du grec et ça signifie "bonne (eu) mort (thanatos)"
Quand on le dit, ça sonne furieusement à mes oreilles comme "état nazi" et je ne suis pas sûr d'être le seul à entendre ça, de manière plus ou moins subliminale. Entendu comme ça, ça fait peur. Et il y a de quoi.
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Le mot "euthanasie", avec sa polysémie, noie le poisson. Qui n'avait rien demandé. Il masque totalement que dans le débat actuel, la question est avant tout celle de la liberté de mourir quand et comment on le décide et le choisit.
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Il s'agit d'une procédure médicale : la personne qui veut mourir ne veut pas se pendre, se noyer, se défenestrer, se tirer des chevrotines dans la bouche ou avaler de la mort aux rats.
Elle désire mourir sans souffrance et sans faire souffrir son entourage, grâce à des méthodes contrôlées et dont les effets sont connus. La pharmacopée n'en manque pas.
Le rôle médical est là, et seulement là : lui procurer (et, éventuellement, administrer si la personne ne peut ou ne veut le faire elle-même) les médicaments qui lui permettent de mettre fin à sa vie 1° sans souffrir et 2° au moment qu'elle aura choisi.
(Oui, oui, j'en entends dire "Mais un médecin c'est pas fait pour tuer"... Et encore une fois ces personnes-là ne voient pas l'essentiel, à savoir qu'il s'agit d'une décision prise par la personne soignée, et non par les médecins. Et qu'elles ont toute latitude pour se démettre, comme pour n'importe quel soin.
On ne demandera pas aux professionnelles opposées à l'aide médicale à mourir de la pratiquer, tout comme on ne force pas des personnes opposées à l'IVG de les pratiquer. Elles le feraient mal.
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Tout ça est simple, il me semble. A dire, à définir, à comprendre et à réglementer. Et à celles et ceux qui commencent à émettre des objections, je répondrai simplement : Suisse, Luxembourg, Belgique, Pays-Bas, Canada, Colombie, Oregon... Ces états ont légiféré/réglementé. Pour certains, depuis trente ans. Et leur société ne s'est pas engouffrée dans le chaos. Alors, encore une fois, qu'on arrête d'emmerder le monde avec des objections qui ne tiennent pas debout.
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Bannissons le mot "euthanasie" du vocabulaire et donc du débat.
Parlons désormais d' "aide/assistance médicale à mourir".
Car cela permettra de mieux voir l'enjeu central :
Dans une société qui se dit démocratique et dont la devise est "Liberté, Egalité, Fraternité", les citoyennes doivent pouvoir décider de mourir librement et selon leurs propres termes, avec l'aide des professionnelles de santé qui sont prêtes à les accompagner.
Je ne sais pas si la société française et ses élues de tous genres sont prêtes à voter une loi qui irait dans ce sens, mais appelons au moins les choses par leur nom.
La loi Claeys-Léonetti sur la fin de vie autorise en effet un arrêt des traitements et une sédation profonde pour les personnes dont le pronostic vital est engagé "à court terme". Alain Cocq ne peut cependant invoquer ce dispositif, car il n’est pas en mesure de prouver que sa mort est imminente.
Seules solutions dans ce pays d'hypocrites :
via des shaarlistes
Une bonne raison de plus pour ne pas mettre les pieds dans cette pétaudière.
Jacqueline n’est ni folle ni dépressive. La mort ne lui fait pas peur : "On en fait beaucoup trop pour un truc somme toute d’une extrême banalité", dit-elle, pince-sans-rire, lovée dans le canapé de son appartement parisien. Elle n’a aucun mépris pour la vie non plus, qu’elle "croque à chaque seconde". Ce qu’elle n’aime pas, c’est la souffrance, la déchéance, la dépendance, la folie et la misère qui accompagne, selon elle, "le processus inéluctable qu'est la vieillesse".
Finir "avec des couches", sur un fauteuil roulant, démente, les yeux hagards, être un poids pour la société, "emmerder ses enfants", inspirer l’ennui, la pitié, la crainte puis le dégoût, "trembler", "boiter", "baver", "puer", ça non, elle ne veut pas. Elle veut partir "encore belle", toujours aimée et respectée. Elle veut choisir de finir sa vie "en pleine conscience" comme elle dit, tant qu’il en est encore temps, tant qu’elle peut encore le faire.
""En France, la question de l’euthanasie est d’une hypocrisie sans nom. On prétend décider à partir de quel degré de souffrance extrême on peut autoriser les gens à mourir et donc, arrêter leurs soins. Mais à partir de 75 ans, on a mal partout ! La vieillesse est en elle-même une maladie incurable à l’issue toujours fatale.""
Né le 4 avril 1914, le botaniste, qui avait fait parler de lui il y a deux ans quand son université avait tenté de l'évincer, ne souffre d'aucune maladie en phase terminale, mais juge que sa qualité de vie s'est détériorée et qu'il est temps de partir.
Bah si : la vie est une maladie dégénérative mortelle.
Bon, je ne développe pas, vous connaissez ma position sur le sujet.
Olivier Falorni interpelle la ministre de la santé Agnès Buzyn sur la question de la fin de vie.
Des médecins lui ont dit : «Je vous comprends, vous avez raison, mais je ne peux rien faire pour vous.» Ils ont tort : la dernière loi Claeys-Leonetti laisse un espace pour ces situations. Encore faut-il qu’ils prennent leurs responsabilités. Là, les médecins ne l’ont pas prise, et Anne Bert s’est décidée à partir en Belgique.
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Que faire alors ? Chacun a sa façon d’être : «J’ai beau me coucher, et me lever, les jours ne se renouvellent pas. Il n’y a qu’un lendemain : la mort…» Mais aussi : «Même ma langue a changé : je n’emploie plus le futur qui ne sera pas. Ni l’imparfait qui me griffe le cœur et qui n’est plus… Cela va si vite. Je ne veux pas de ça, ni des aides à sous-vivre, être branchée ici ou là, ni même être nourrie à la cuillère, ou assistée pour respirer.» Anne Bert n’aime pas la mort. «Mourir n’est pas mon projet de vie. Je ne veux pas mourir. C’est la SLA, mon adversaire, qui me donne la mort.» Et donc, ce projet : «Je ne me décharge pas de la responsabilité de ma fin, elle fait partie de ma vie, je ne la livre pas contre mon gré au corps médical impuissant. Il me reste une ultime liberté : celle de choisir la façon dont je vais mourir.»
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Voilà, mourir simplement avec une main amie. Quand on évoquait la fin de vie avec le philosophe Paul Ricœur, il répondait de la même façon : «Mourir avec une main amie.» La médecine française ne lui a pas apporté ce réconfort. Anne Bert ne voulait pourtant rien d’autre, ni être un exemple, ni être hors de la loi : «Un malade incurable n’a aucun devoir. Je ne nuis à personne en assumant mon choix, je ne fais aucun tort à ceux qui acceptent de vivre l’enfer.» Et cette évidence : «Puisque la mort fait partie de la vie, à défaut d’être gaie, elle mérite d’être belle et non souffrante.» Sa mort.
Bon, ça va encore faire hurler LLM, mais je suis d'accord avec cette personne : la loi française est d'une hypocrisie sans nom et n'est, dans le meilleure des cas qu'un pudique paravent pour ne pas parler des sujets qui dérangent (et, oui, choisir sa mort dérange, je veux bien le concevoir) ; dans le pire, c'est une fin de vie atroce garantie sur facture. Avec le "cas" Vincent Lambert comme situation intermédiaire.
D’autres experts jugeaient, en revanche, que ce texte ne faisait finalement que fixer un cadre légal pour une pratique déjà existante dans de nombreuses institutions, même catholiques, où des médecins décidaient, à la demande pressante des parents, de mettre fin à la souffrance insupportable d’enfants ou de jeunes gens se sachant condamnés.
Oui, je sais. J'avais commencé un brouillon de réponse pour répondre à ton texte, mais je n'ai pas eu le temps de le terminer, et je ne sais plus trop où il est >_<
Je me sens tout chose :S
"Terry took Death’s arm and followed him through the doors and on to the black desert under the endless night." >> Terry a pris le bras de (la) Mort et le suivit à travers les portes et sur le désert noir sous la nuit sans fin.
Ouf. Je me sens aussi soulagé que si je le connaissais personnellement.
"Selon la journaliste du Monde présente sur place, Pascale Robert-Diard, la salle a acclamé les jurés de la cour d'assise des Pyrénées-Atlantiques à l'annonce du verdict." Son fil Twitter >> https://twitter.com/robert_diard
Je vais poser les choses là, un peu en vrac, vous ferez le tri.
J'écoutais l'autre jour un compte-rendu d'une des dernières journée du procès du Dr Bonnemaison, où est venue témoigner une juriste, expliquant qu'on avait, avec son accord, laissée mourir sa mère atteinte d'un cancer en phase terminale, incurable, douloureux, le pack "tout pour plaire". Laisser mourir, vous savez ce que ça veut dire ? On a arrêté de l'alimenter. La résistance du corps humain étant assez extraordinaire, elle a mis un mois a mourir. Un mois d'agonie et d'intolérables souffrances. Voilà ce que permet la loi Leonetti. Belle avancée dans l'humanité et le droit de mourir dans la dignité n'est ce pas ? Voilà pourquoi je pense que dans ce type de cas, et aussi dans le cas de Vincent Lambert, on devrait pouvoir "aider" la personne qui le désire à mourir vraiment dignement, c'est à dire autrement que dans d'abominables souffrances.
Oui, parce que ce qu'avait permis le Conseil d'Etat et qu'a suspendu la Cour européenne des droits de l'homme, c'est l'arrêt de l'alimentation : http://www.lemonde.fr/sante/article/2014/06/24/affaire-vincent-lambert-les-scenarios-apres-la-decision-du-conseil-d-etat_4444066_1651302.html "L'équipe devrait logiquement stopper l'alimentation et l'hydratation (qui n'avait était que diminuée en 2013, lors du premier processus de fin de vie). Des soins de bouche pour éviter toute sécheresse buccale et autres soins de confort seraient accomplis. Le patient devrait être plongé dans le sommeil grâce à une sédation profonde, comme le prévoit la loi, afin de lui éviter toute souffrance" Éviter toute souffrance mon cul. Renseignez-vous avant d'écrire des inepties.
C'est l'avocat des parents de Vincent Lambert qui résume bien tout le paradoxe de son cas : "« Vincent est handicapé, il n’est pas atteint d’un mal incurable, il n’est pas en fin de vie sauf si on lui retire son alimentation et son hydratation. »" http://rue89.nouvelobs.com/2014/01/16/euthanasie-lavis-parents-vincent-lambert-prime-celui-femme-249074 Je découvre à cette occasion qu'il est possible de rédiger des "directives anticipées" -valables 3 ans- http://rue89.nouvelobs.com/sites/news/files/assets/document/2014/01/les_directives_anticipees.pdf afin de faire savoir "ce qu'il faudrait qu'il advint de mon corps; lorsque mon âme et lui ne seront plus d'accord, que sur un seul point, la rupture" comme l'a si bien dit tonton Georges.
Vous noterez que je n'ai rien dit de "l'idéologie très catholique des parents de Vincent Lambert", parce que je considère que ceci n'apporte rien au débat ; quand bien même c'est celle-ci qui les amène à prendre leurs décisions, je trouve que leur point de vue est tout à fait défendable en dehors de toute considérations religieuses. C'est bien ce qui fait toute la difficulté, l'intérêt et la complexité de cette affaire. Je m'interroge toutefois : dans ses moments de conscience, Vincent Lambert a t-il pu exprimer une demande ?
"A 53 ans, il est jugé depuis hier matin pour empoisonnement par la Cour d'assises de Pau.
Ce médecin aurait aidé à mourir sept de ses patients, sans concertation avec les familles ni l'équipe médicale. Portrait d'un homme qui risque la réclusion à perpétuité."
Je ne connaissais pas ce concept de "conférence citoyenne", cela me fait poser des questions : comment sont choisis les 20 citoyens ? tirage au sort comme pour les assises ? Il faut être copain avec un ministre ? "panel représentatif" de l'IFOP ? En tout cas, cela semble donner des résultats intéressants. Expérimentation à poursuivre dans d'autres domaines ?
C'est étrange qu'il faille toujours des cas médiatiques pour faire avancer le débat... Pour ma part, je ne renie pas une virgule de ce que j'ai écrit sur le sujet il y a 4 ans : http://chroniques-de-sammy.blogspot.fr/2009/11/chronique-polemique-propos-de-dignite.html