Pourtant, évoquer les combattants morts lors de la Grande Guerre n'avait rien de la tâche insurmontable. Tout était là pour mettre en place une cérémonie OK : un truc qu'aucun jeune de moins de 30 ans n'aurait regardé, mais qui aurait mérité d'entrer dans les mémoires d'ici quelques années. Le cimetière, Hollande, Merkel – et même pas de pluie. Qu'imaginer de mieux ? Et pourtant, tout a foiré. On se serait cru aux Journées mondiales de la jeunesse ou à une gigantesque course d'orientation. À peu près n'importe où en fait. Sauf à Verdun, un endroit sinistre où quelque 306 000 êtres humains ont été butés.
2014, c'est le 100ème anniversaire du début de la boucherie de 1914, mais c'est aussi les 800 ans de la bataille de Bouvines. Pourquoi n'en parle t-on pas ? A cause de 1914 justement. Sous la IIIème République, la bataille de Bouvines avait été instrumentalisée pour en faire le symbole d'une victoire sur l'Allemagne (alors que c'était avant tout une victoire sur l'Angleterre de Jean sans Terre) dans un esprit de revanche. On a vu ce que ça a donné.
Accessoirement, ça ne fait que renforcer mon envie de lire le livre de Duby, déjà évoqué ici : http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?BW3-eQ
P.S : je trouve le titre de Rue89 parfaitement inadapté, voire indigne. Non, je n'ai pas envie de clouer le bec aux commémorations de 14-18. Non, ça ne me fatigue pas d'en parler. Mon arrière grand-mère a perdu son papa dans cette guerre et à sa mort, à près de 90 ans, elle en parlait encore. Des millions de vies gâchées, avec des conséquences sur plusieurs décennies, ça vaut le coup qu'on en parle encore un peu.