Dans un rapport publié en juin 2014, la Cour des comptes avait déjà qualifié de « très préoccupante » la gestion de la période 2009-2012. Elle estimait que l'ONF avait eu trop tendance à recourir à la dette, de surcroît pour couvrir des dépenses de fonctionnement. Elle notait, en outre, que l'ONF s'était dispersée dans des activités annexes impossibles à rentabiliser. Enfin, le rapatriement au sein de l'ONF des pensions de retraites, décidé en 2006, pesait particulièrement lourd. La Cour des comptes avait alors préconisé de couper davantage de bois pour augmenter les recettes et de privilégier le recrutement de salariés de droit privé pour maîtriser la dépense.
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La réduction des coûts préconisée a conduit à des « coupes claires » dans les effectifs, dans un climat social qualifié de « délétère » par les organisations syndicales. Elles ont démissionné en bloc de toutes les instances en septembre 2017, dénonçant un « climat de terreur » résultat d'un « management visant à isoler les personnels et à les opposer entre eux », le « non-respect des instances syndicales ». Quelque 3.000 postes ont été supprimés depuis 2002 à l'ONF, qui n'en compte plus que 9.000 aujourd'hui, et 226 autres devraient l'être en 2019.
De plus en plus soumises aux « lois du marché », les forêts publiques françaises vont-elles être abîmées dans l’indifférence générale ? Gardes forestiers, salariés et syndicalistes de l’historique Office nationale des forêts (ONF) ne s’y résignent pas. Face à la menace de surexploitation qui pèse sur ce bien commun, face à la mutation de leur métier qui leur impose d’être financièrement rentables plutôt que de préserver les écosystèmes, face au profond malaise social qui les ronge, les forestiers organisent à partir du 17 septembre une grande marche pour la forêt.