Qu’on s’effraie plus d’un feu de papier que d’un meurtre raciste par les flics me plonge dans une stupéfaction horrifiée.
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Ce qu’on est censé trouver dans un livre, ce n’est pas l’encre et le papier mais l’ouverture au monde, la réflexion, la rêverie, la distraction, l’occupation, l’inspiration, la frayeur, l’émotion, la compréhension, la tristesse, l’horreur, la haine, la joie, le rire, un écho ou la déception. Ou une recette de cuisine.
Le livre en soi n’a pas plus de sens que n’importe quoi d’autre. Une page arrachée à mon carnet pour noter ma liste de course a infiniment plus de valeur qu’un torchon publié de Soral.Qu’est-ce qu’on défend dans les livres qui ne se trouverait qu’ici ? rien.
Et même dans un livre – Fahrenheit 451 de Bradbury – on trouve ceci :"Ce n’est pas de livres que vous avez besoin, mais de ce qu’il y avait autrefois dans les livres. […] Les livres n’étaient qu’un des nombreux types de réceptacles destinés à conserver ce que nous avions peur d’oublier. Ils n’ont absolument rien de magique. Il n’y a de magie que dans ce qu’ils disent, dans la façon dont il cousent les pièces et les morceaux de l’univers pour nous en faire un vêtement.
[…]
Est-ce que vous voyez maintenant d’où viennent la haine et la peur des livres ?
Ils montrent les pores sur le visage de la vie. Les gens installés dans leur tranquillité ne veulent que des faces de lune bien lisses, sans pores, sans poil, sans expression."La bibliothèque rouvrira en juillet, c’est une bonne chose.
Mais Boubakar reste mort et ces quartiers n’en finiront pas d’entendre des horreurs sur leur prétendue barbarie.