Avertissement liminaire
J'ai commencé d'écrire ça dimanche soir, mais comme j'ai été un peu beaucoup occupé cette semaine, je n'ai pas eu le temps de terminer. Je suppose que depuis, Kevin a répondu, d'autres ont suivi, le principal intéressé a menacé de se suicider en sautant du rez-de-chaussée, ses supporters ont hurlé à l'ado Eminem ou je ne sais quoi, et s'en est suivi une spirale de fun. Je regrette d'avoir loupé ça. Il est vendredi après-midi, j'ai 10 minutes de libres, je me lance. Essentiellement pour me débarrasser de ce brouillon. Alors du coup ça va être un peu décousu, j'ai perdu la hargne qui m'animait quand j'avais décidé de répondre, mais tant pis.
Je viens de tomber là dessus. Ce dessin est consternant. J'aurais pu laisser filer, mais j'ai envie de répondre pour une fois.
ll est bien entendu que je ne réponds pas à la personne à l'origine de ce lien, reposté sur Open News ; je réponds pour tous ceux qui, ayant vu ce dessin, auront pensé "ben oui, c'est évident" ou, plus prosaïquement "+ 1".
Ah, si seulement c'était une question de gentillesse. Si seulement il suffisait d'être tous gentils les uns envers les autres pour que tous les problèmes du monde se règlent magiquement. Parce que oui, là on est carrément dans la pensée magique. "Je vais dire bonjour en souriant aux femmes, aux handicapé.e.s, aux noir.e.s... et tout ira mieux dans le monde." Comme dirait l'autre avec son histoire de colibri à la con, "je fais ma part" Hein ? Ce serait bien n'est ce pas ?
J'ai pensé comme ça moi aussi. Puis j'ai lu, j'ai appris des choses. Surtout via certains shaarlistes. Et j'ai appris à reconsidérer ce qui me semblait évident et simple.
Parce que ça ne marche pas comme ça. Ça n'a jamais marché comme ça. Ce n'est pas une histoire de méchants et de gentils. Quel est le problème au fond ? Attention, je vais faire une révélation qui va en stupéfier certain : c'est une histoire de domination et de privilèges. Ah ben ça alors. Ouate ze phoque. On m'aurait menti ?
La société est faite/pensée par/pour des blancs / hétéros / cisgenres / valides. De sexe masculin. Pas la peine d'être raciste, misogyne, ou juste "méchant" pour jouir de privilèges que les "autres" n'ont pas. Il suffit juste d'être né dans la bonne case. Du bon côté de la barrière. Au passage, merci de m'apprendre que les femmes et les personnes noires sont des êtres humains. Contrairement à l’Église catholique, cette découverte n'est pas récente me concernant.
Le problème n'est pas toutes les personnes noir.e.s à qui un bonhomme en allumettes aurait pu dire "you're worthless". Le problème est le système qui conduit les noir.e.s, les femmes, les handicapé.e.s, les homosexuel.le.s, les gros.ses, les bi, les arabes, les musulman.e.s et les pas-comme-tout-le-monde (c'est à dire pas mâle, blanc, hétéro, cisgenre, valide) à être victimes de discrimination. Parce que noir, homo, femme, handicapé... et parfois plusieurs choses à la fois. Au grand loto de la vie, y'en a qui ont eu plus de bol que d'autres.
Toutes les catégories sus-citées ne se plaignent pas que l'on soit "méchants" avec elles. Non, c'est pire que ça : elles veulent les mêmes privilèges.
Ah mais non. Ah mais ça va pas être possible. Si tous ces gens que le milieu dans lequel j'ai grandi m'a appris à considérer comme des inférieurs ont les mêmes droits que moi, que va t-il me rester ? Non. Je propose que l'on soit "gentils" avec eux. Tiens, soyons fous, on va même dire qu'on les considère comme des êtres humains. On va leur parler avec respect, comme on exige que l'on nous parle à nous. Mais on ne va pas faire en sorte qu'ils aient les mêmes droits. Ça va pas la tête ? Si, avec un peu de chance, ils pouvaient se satisfaire de ce subterfuge, pourquoi ferions-nous un effort supplémentaire ?
pasconlegars
Bref. Dire qu"il suffit de considérer les femmes et les noir.e.s comme des êtres humains et d'être gentil avec eux, c'est non seulement inutile, mais c'est complétement con.
Après, il y a ceux qui comprennent :
Mes amitiés à tous ceux qui ne sont pas homme-blanc-cis-hétéro-aisé-valide. La vie n'est pas facile.
http://sebsauvage.net/links/?iy2zzg
Et il y a les autres.
Interview de Dominique Dupagne.
"Le problème majeur de ce film est qu’il repose sur la même idée que 50 Shades of Grey et de nombreux films pornographiques : si on pousse une femme à faire des actes sexuels contre son consentement/son désir, elle finira par aimer ça, voire par tomber amoureuse."
Le mansplaining, c'est quoi ?
"En fait, ce qu'il défends derrière ça, c'est la culture "légitime", la "grande culture"... Et là c'est plus une question de position sociale dominant dans un champs particulier : en tapant sur les littératures populaires (parce qu'à travers Pratchett, c'est ça qu'il vise), monsieur le professeur Jones rappelle que c'est lui, et sa classe sociale à travers lui, qui a le privilège de définir ce qui constitue une "véritable" œuvre de littérature, ce qui est légitime ou pas, ce qui est "de bon goût" ou pas."
Oui ! C'est ça. C'est exactement ça. Pourquoi n'y ai-je pas pensé ? :/
P.S. : c'est moi qui l'ai ironiquement surnommé "professeur Jones", je ne crois pas qu'il soit professeur IRL ^^
Très bonne métaphore ; je ne suis pas certain qu'elle prenne en compte toutes les données du problème (domination, fait d'entretenir des schémas inconscient en propageant le "message" sous couvert d'humour...) mais elle a le mérite d'expliquer en quoi ces "blagues" peuvent être blessantes.
Et sans l'image, je ne l'aurais sans doute pas lu (j'arrive via https://shaarlimages.net, où je n'avais pas été trainer depuis un moment)
"Et puis, on a parlé odd-ratio (en fait, tous les outils techniques les passionnent, ne me demandez pas pourquoi) et elles ont réalisé que les Blancs étaient le groupe de référence. C’est-à-dire qu’on calcule la probabilité qu’a un non-Blanc, par rapport à un Blanc, de se faire contrôler par les forces de l’ordre sur les lieux de l’enquête. En inscrivant leur découverte au tableau, j’ai lâché, en rigolant, que les Blancs étaient toujours le groupe de référence, tout le temps. En me retournant, j’ai cru lire de l’incompréhension sur certains visages. Je sais, quand je dis ça, je suis un peu hors cadre, peut-être trop dans le militantisme, je ne sais pas, surement. En tous cas, j’ai décidé d’illustrer avec l’exemple des collants – un des avantages d’une classe composée uniquement de filles c’est qu’on peut aborder le sexisme, les règles, le fond de teint, sans craindre de se faire reprendre par un mansplainer poilu. Au final, les collants « chair », c’est la chair de qui ? Les fonds de teint « naturels », c’est la nature de qui ?"
"Quand un photographe, homme, blanc et hétérosexuel (au demeurant très marrant et sympa, là n’est pas la question) prend une photo, il prend une photo d’homme blanc hétérosexuel. Ce n’est pas un statut neutre, c’est un statut dominant. Et quand ce même photographe dit qu’il est neutre, il oublie qu’il a inondé le monde, et d’autres avant lui, de production masculine, blanche et hétérosexuelle."
Oh putain. Dur.
Pas de combats justes sans violence ?
5 techniques de domination :
EDIT : la fin de l'article liste 5 techniques de défense
ainsi que 5 techniques de valorisation :
C'est juste dommage qu'elles ne soient pas détaillées.
"groupe de chercheurs de l'université de Stockholm", c'est un peu mince pour commencer à chercher. Mais je vais trouver :)
J'arrête de suivre le Shaarli de Neuromancien. Quand la mauvaise foi se transforme en méchanceté, puis la méchanceté en acharnement, on obtient un mélange de bêtise et de haine que je ne peux pas supporter. (-> http://deleurme.net/liens/index.php5?FeyKJA)
Dont acte.
//Sammy traîne son violoncelle géant en céramique et commence à uriner joyeusement à l'intérieur//
Je précise quand même, pour faire bonne mesure, que je me suis pris la tête avec Alda à plusieurs reprises, lui reprochant notamment son manque de pédagogie dirons-nous, voire de patience et de tact -mais je commence à comprendre que l'on perde patience après un certain temps de militantisme, à être toujours confronté aux mêmes réactions. Mais je l'ai toujours suivi car j'ai récolté ma part d'informations intéressantes en le lisant, même si j'ai parfois dû faire l'effort de me décentrer de ce qui me paraissait évident, normal, acquis. Je ne suis pas d'accord avec tout, mais je ne me focalise pas sur un détail, en y revenant sans cesse, pour considérer que, n'étant pas capable d'accepter cette chose là, elle disqualifie tout le reste du discours. Oui, je parle du ...é-e-s qui, contrairement à ce que Neuromancien fait semblant de croire, n'est une pratique imposée à personne. C'est à chacun de voir s'il juge bon de s'en saisir ou pas, voire de l'adapter à sa pratique d'écriture. Pour ma part, toutes ces considérations m'ont amenées à réfléchir à deux fois avant d'utiliser un terme genré, et parfois à mettre un discret (e), qui est ma modeste pierre à un effort qui serait tellement plus simple s'il était collectif.
Et non, je ne reposterai pas le guide posté par Kevin, marre (et je l'ai déjà fait hier).
//Secouage de la petite goutte//
Pour ce qui est des gestes et opinions de Mme Carrère d'encaustique, comment dire : https://www.bakchich.info/france/2008/03/31/carrere-d-encausse-legionnaire-libre-52173
Ça y est, j'ai enfin lu ce texte. Que dire sans faire de redite ?
Que dire tout en résistant à la tentation de prendre la tête -dans les deux sens du terme- de certains, et de la plonger dans leur caca, plaisir inutile puisque celui-ci recouvre déjà leurs yeux ?
Contrairement aux apparences, je suis plutôt de bonne humeur. Mais à force de lire certaines choses, le côté obscur de la discussion me menace.
"Un truc rentré en moi, et, puisque je n’avais jamais laissé les mots entrer, forcément rentré en moi par syllabes, par lettres, par atomes. Un truc glissé en intraveineuse au goutte-à-goutte.
C’était la télé, c’était les films, les clichés un peu trop vus mais tellement faciles et presque rassurants, c’était le discours ambiant, c’était les préjugés idiots qu’on entend en n’étant pas d’accord au fond en théorie mais qu’on entend quand même huit fois, dix fois, quatre-vingt-seize fois par jour et qui filtrent, petit à petit, et qui laissent une humidité à peine visible mais qui se transforme quand même en moisissure."
Voilà. Tout est dit. Et c'est essentiel, parce que ce n'est pas de sexisme qu'il s'agit, ni de "trucs ridicules" où l'on met é-e-s à la fin de tous les mots (juste pour mémoire : il y a d'autres solutions http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?vcNfEQ après on est libre d'adhérer ou pas ; ce qui est important, ce n'est pas le résultat, c'est la démarche. Mais c'est p'têt ben trop philosophique pour certains)
Bon, je reviens à Jaddo. Que dit-elle ? Ce qui a déjà été dit plein de fois dans quelques Shaarlis, à propos de racisme, de sexisme, d'humour, en un mot, de domination : le discours ambiant, les clichés, la langue, tout cela participe d'un système qui maintient un état de fait. On a beau ne pas être d'accord, être "gentil", ce n'est pas de gentillesse dont il est ici question, mais de réflexes conditionnés. Je cite : "Et bin c’est vachement facile d’être pas d’accord avec un mec qui dit « Les Arabes c’est rien que tous des voleurs », et vachement plus dur de se révolter contre des images subliminales dans un film ou des habitudes innocentes de langage."
"J’ai touché du doigt à quel point ce sont les putains de petits cailloux qui font les putains de grandes rivières.
J’ai avalé la pilule rouge, sans préavis."
Voilà. Çà peut venir n'importe quand. Il n'y a pas de honte à réaliser certaines choses à 30 ans, à 40 ans, plus tard... Ce n'est pas grave de se tromper toute sa vie, quand c'est tout le décor autour de soi qui incite à se tromper. Le mythe de la caverne, vous connaissez ? Ce n'est pas grave de se tromper. Ce n'est pas grave de se moquer -c'est juste pas très gentil et pas très empathique. C'est déjà plus embêtant de refuser d'écouter, de refuser de voir, de refuser d'essayer de faire un pas, juste un pas pour essayer de comprendre ce qu'il ou elle raconte, l'autre là, l'allumé(e), l'enragé(e), qui fait chier son monde avec ses trucs ridicules.
C'est vrai quoi. Il y a des trucs plus grave que madame ou mademoiselle sur un formulaire et les jouets roses pour les filles et le foot pour les garçons. Les femmes battues ça, c'est grave. Et les écarts de salaires, c'est vachement injuste.
Ben justement, lisez ce qu'en dit Jaddo : "Que peut-être, quand on dit que le vrai truc important c’est l’égalité des salaires, et qu’il faut commencer par ça, peut-être que justement il faut commencer par l’autre bout des choses. Peut-être que le jour où on arrêtera d’apprendre à nos gosses qu’il y a des couleurs, des jeux, des métiers pour filles et des pour garçons, peut-être que quand on commencera à accepter les féminins de mots traditionnellement masculins, peut-être que quand on arrêtera de rire grassement à la blague d’un pote qui commente pas méchamment pour rire les cuisses d’une fille qui passe dans la rue, peut-être que quand on aura mené ces combats ô combien dérisoires, d’eux-mêmes, sans révolution, les gens se mettront à payer les femmes du même salaire que les hommes."
Je vais vous dire ça à ma façon : il y a des gros problèmes énormes, et de petits problèmes irritants. On voudrait tous se débarrasser des gros problèmes énormes. La guerre, c'est mal. Le racisme, c'est pas bien. Les femmes battues, c'est scandaleux. Le viol, ça devrait pas exister. La pollution, ça m'inquiète.
Et on (il s'agit ici d'un "on" de généralisation, parce que nous sommes tous concernés sur l'un ou l'autre de ces sujets) ne bouge pas le petit doigt. La guerre ? Je ne peux rien faire pour l'arrêter. La pollution ? Tu crois peut-être que c'est en triant tes poubelles que tu vas sauver la planète ? T'as vu comment elles polluent les grosses entreprises ? Le racisme ? J'suis pas racistes, mais je raconte des blagues sur des noirs paresseux et/ou avec une grosse bite, des blondes idiotes, des juifs cupides et des arabes voleurs. Mais c'est de l'humour, en vrai, j'ai même un pote voleu... euh arabe, pardon. Violer une femme, ouhlala, je comprends même pas qu'une telle chose soit possible, moi qui les respecte tant. Enfin, je respecte les femmes, pas les salopes qui s'habillent comme ceci ou comme cela...
Vous voyez le topo ou je continue ?
Pour simplifier, on se place soit dans la position de l'irréprochable, soit dans celle de l'impuissant. C'est pas ma faute / Je ne peux rien faire.
Il y a des gros problèmes énormes, et de petits problèmes irritants. On ne peut pas, tout seul, s'attaquer aux gros problèmes énormes. C'est vrai. Mais les gros problèmes énormes et les petits problèmes irritants, écoutez bien c'est un secret, ils sont liés. Ce sont les petits problèmes irritants qui irriguent les gros problèmes énormes. Les cases madame/mademoiselle, les cuisines pour les filles et le foot pour les garçons, les clichés sur les garçons forts et les filles sensibles, les expressions sur le rôle des couilles dans le courage... tout ça, comme Jaddo l'a très bien dit, vient nourrir les gros problèmes énormes. A force
de faire rentrer les choses dans les têtes "par syllabes, par lettres, par atomes [...] en intraveineuse au goutte-à-goutte", on arrive imperceptiblement au fait que les femmes soient moins bien payées que les hommes. Entre autres choses. Personne ne l'a explicitement décidées, aucune loi n'a été votée disant "les gonzesses ça vaut pas tripettes, on va les payer moins et avec un peu de chance elles resteront à la maison, non mais". Non. Ça s'est fait tout seul. C'est le produit de siècles de préjugés.
Et ça tombera tout seul également. Quand on aura asséché tous les petits problèmes irritant. Vous comprenez maintenant pourquoi c'est important ? On ne peut pas faire une loi disant il faut arrêter le sexisme, le racisme, de payer les femmes moins que les hommes et de vendre des jouets roses aux filles". Déjà parce que des lois pour ça, il y en a déjà beaucoup ; et parce que ça ne marche pas. On ne peut pas interdire l'inconscient collectif. On décrète pas les idées. Elles viennent un peu par l'éducation et beaucoup par capillarité. Par immersion dans un univers qui fait que les femmes sont réellement égales aux hommes, les arabes et les noirs aux blancs etc. Et cela on l'obtient par des petites choses de tous les jours.
Je viens de l'imprimer pour lire tranquilou.
Merci Kevin d'avoir ressortit ce lien.
Tommy, Alda et Kevin, que je soupçonne d'utiliser 350Kg de Kleenex par personne et par an, apprécieront. Oui, à cause de leur dépression. Personellement, j'en suis à 15 anxyolitiques par jour, et ça ne me suffit plus, je vais me faire prescrire des anti-dépresseur, avant de faire ma 14ème tentative de suicide de la semaine.
Ben oui : on essaie de prendre la défense des opprimé-es, DONC on ne peut plus rigoler de rien, DONC c'est forcément qu'on est un peu déprimés, voire dépressifs, ou carrément masos, ou peut-être bien un peu cons.
Ou alors c'est qu'il y a autre chose ? ...allez, courage, la route n'est pas facile mais tu peux le faire, padawan.
Énorme +1.
Pour tenter de répondre -peut-être un peu maladroitement- à GamerZone, je donnerais juste un exemple me concernant. Il y a quelques années, je trouvais très drôles les blagues sur les blondes. J'en connaissais des tas, et on s'en racontait entre collègues. Puis j'ai compris que ce n'étaient pas des blagues sur les blondes, c'étaient des blagues sur les femmes. Et même si des collègues femmes en riaient, je participais malgré tout à propager des préjugés tels que :
Et tout ça bien sûr en me considérant comme le plus drôle ET le moins sexiste des hommes ; ni raciste, ni homophobe, etc. car on peut décliner le principe à toutes les oppressions.
Et puis un jour -ça peut être plus ou moins long- tu comprends. Tu réalises qu'une blague sur une blonde qui fait 30 fois le tour du rond-point après avoir vu le panneau "30" contribue à propager l'idée que les femmes sont globalement moins bonnes conductrices que les hommes, que globalement, la bagnole est plutôt une affaire de mecs. Et pourtant, tu sais pertinemment que les femmes ont moins d'accidents graves que les hommes. Mais c'est pas grave, à l'époque tu trouvais ça"drôle". Tu sais bien que ce n'est pas vrai, mais c'est "drôle".
Ce n'est pas le fait de rire qui doit être remis en cause, c'est la façon de rire. La blague sur la personne qui fait 30 fois le tour du rond-point est très drôle en elle-même, mais ça apporte quoi de mettre en scène une femme, si ce n'est dans un objectif (collectif, inconscient et intégré par tous) de dévaloriser "la femme qui conduit" ? Tu peux raconter la même blague avec un homme, en se mettant en scène soi-même façon stand-up ou en posant la question de façon faussement ingénue : "à quoi ça sert le panneau 30 ? est-ce que ça veut dire qu'il faut faire 30 fois le tour ?"
Les mots sont une arme. L'humour est un fusil de sniper.
"On croit qu’elle est consentante mais elle ne l’est pas. Fifty Shades of Grey, c’est comme la société. Celle dans laquelle on remet toujours en question la parole de la personne soumise, dominée, violée. [...]Fifty Shades of Grey ne fait pas que dépeindre une relation abusive, il installe un tel flou qu’il perpétue la culture du viol."
Euh... Timo ?
T'as RIEN compris.
EDIT merci à... euh... "Mes liens" pour ce shaare http://fspot.org/lnk/?HePrcA qui dit exactement ce que je pense, sans avoir eu le courage de l'écrire.
"Il ne s'agit pas de dire que tous les jeunes oppressent activement leurs aînés, ou que les hétérosexuels oppressent activement les homosexuels. Il s'agit de constater que notre société dans son ensemble favorise certains traits, et que ne pas en être doté est donc défavorisant.
En tant que privilégiés, on n'a rien de particulier à faire pour bénéficier positivement de tout ça. Il suffit de "faire comme on a toujours fait", de suivre les chemins tracés. En tant que défavorisé, on est en revanche forcés de mener une lutte active et difficile (d'autant plus qu'on nous met des bâtons dans les roues). D'où les mots "oppression" et "résistance" qui peuvent paraître forts quand on est dans la partie supérieure du graphique, mais qui traduisent un vécu bien concret pour d'autres."
Je cite Alda : "Une liste non exhaustive mais assez complète d'oppressions mises face à leur privilège opposé.
Notez comme il est possible d'être un homme blanc hétérosexuel pauvre et donc être oppressé par la bourgeoisie tout en oppressant les femmes // racisé⋅e // homo⋅bisexuel⋅les"
http://tools.aldarone.fr/share/?1NETWg
Ce que ne dit pas notre bovin préféré, c'est qu'il s'en est pris plein la tronche pour une question de principes (je peux me permettre de dire ça, je n'ai pas participé à la curée). Je comprends parfaitement les positions des seenthisiens, je comprends parfaitement également son attitude (ne pas retirer l'image sinon on s'en sort plus, mais ne pas le refaire) ; au-delà de ça, les uns et les autres peuvent lire ce fil de discussion très intéressant où il est question de sexisme, des rapports hommes-femmes et d'humour dominant. Rien n'est simple, et les choses les plus évidentes peuvent être remises en cause...
http://seenthis.net/messages/187529
Pour prolonger le débat, un billet à lire, qui répond aux principaux "arguments" anti-féministes : http://soupe-a-l-herbe.blogspot.fr/2013/07/troller-les-trolls.html