Le Canard Enchaîné d’aujourd’hui donne de nouveaux chiffres qui témoignent de la grande misère des monuments historiques dans notre pays, et du peu de cas que les gouvernements successifs font du patrimoine. Dans un article intitulé « Cathédrales et monuments : seuls les crédits ne flambent pas », Hervé Liffran révèle quelques chiffres stupéfiants qui confirment ce que nous dénonçons depuis toujours. On y apprend ainsi que pour 2019, l’État n’a prévu que 18 millions d’euros de crédits de paiement pour l’entretien [1] des monuments historiques lui appartenant, dont 86 cathédrales. Soit moins de 100 000 euros par monument. Il rappelle aussi que pour Notre-Dame, il avait prévu de ne donner que 40 millions pour la restauration sur les dix prochaines années, soit 4 millions par an, sur les 240 millions qui étaient alors nécessaires [2]. Pas de doute, il aura vraiment fallu un incendie pour qu’Emmanuel Macron déclare enfin sa flamme à Notre-Dame !
Pour le reste (reproduction à l'identique ou "geste architectural contemporain", je ne sais quel parti adopter. Pourquoi toutes les contributions antérieures (jusqu'à 1900 environ) seraient-elles "patrimoniales" et "classées", et pourquoi serions-nous obligés d'être figés dans un immobilisme respectueux ? Il ne faut pas oublier que Viollet le Duc a en grande partie réinterprété les canons du gothique, pour offrir sa vision de la cathédrale et que, sans son intervention, celle de Hugo et quelques autres (voir les articles précédemment shaarliés), elle aurait été probablement rasée. Oui, le XIXème siècle savait être encore plus expéditif que la XXIème.
Ce que je veux dire, c'est qu'à son époque, on ne se souciait pas de restauration respectueuse visant à conserver les vieilles pierres dans leur jus (ce qui est particulièrement peu pertinent pour une cathédrale, qui est par définition un chantier permanent ; quand tu mets 200 ans à construire un bâtiment, il ne faut pas s'étonner de devoir reprendre le chœur quand tu as fini le portail) : on rasait ce qui était trop abîmé, ou alors on reconstruisait selon l'idée qu'on se faisait alors du Moyen-Âge (pensez par exemple aux fameuses gargouilles, qu'on l'on voit sur bon nombre de couvertures du livre de Hugo, alors qu'elle ne datent pas de 1482, mais des années 1860...)