O.J. Simpson, Oscar Pistorius, Bertrand Cantat... Ce n'est pas la première fois qu'en France, le traitement médiatique d'affaires de violences conjugales prend des allures de feuilleton romanesque. D'où vient cette tradition, très française, de romantiser les fémicides, de tenter de polir les contours d'une réalité terrible (rappelons que 123 femmes sont mortes de violences conjugales en 2016), avec des expressions vides de sens juridique, comme "crime passionnel" ?
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Qu’est ce que ça dit du rapport de notre société aux femmes ?
Ça veut dire qu’il reste beaucoup à faire. C’est un symptôme de l’inégalité des sexes, en terme de domination. Cantat a toujours été présenté dans cette affaire comme le pauvre homme. Il y a eu beaucoup d’articles, même dans Le Monde, qui disaient : “Bertrand Cantat est notre frère.” On n’a jamais vu ça pour une femme qui aurait violenté un homme. Quand les femmes tuent leur conjoint - avec le cas récent de Jacqueline Sauvage par exemple -, il n'est pas question de “crime passionnel”. Le mot "fémicide" n’est toujours pas reconnu en France. Il a été inscrit dans des lois en Amérique latine, curieusement, mais toujours pas en France. La presse est assez épouvantable, parce qu’elle traite tout ce qui va concerner les hommes et les femmes, de façon inégale. On doute de la parole des femmes. Et les hommes sont dominés par leurs passions, c’est-à-dire par leur sexualité en fait. C’est la même chose pour les histoires de harcèlement sexuel. Toute la presse véhicule sans arrêt des stéréotypes sur la famille, le couple, avec des schémas sous-jacents extrêmement traditionnels.
via Riff