Il se passe donc ceci, dans l’access prime time de C8. Un homme, un vrai, a choisi comme souffre-douleur, dans une relation intensément perverse, un homme désigné comme homosexuel, et dans cette tragédie minutieusement montée, l’homosexuel est sans cesse renvoyé à sa faiblesse, son caractère vélléitaire, ses larmes et finalement ses mesquineries, et sa lâcheté, puisqu’il reste. Si on ne comprends pas, on en insiste. Dans la caméra cachée, avant la fausse bagarre, le faux agent de Tom Cruise demande à Delormeau s’il est en couple avec Hanouna. Le téléspectateur est invité à comprendre que c’est bien d’un inverti que l’on va se moquer. Alors mon chéri? Il m’aime! Chaque séquence de la dégradation de Delormeau, est finalement sexuée. «Pleureuse», pour celui qui réclame du travail. Dans le slip, les pâtes. Des larmes, pour la caméra cachée. Porte tes couilles!
Des brutes ou des fascistes ont toujours trouvé intéressant d'humilier les homosexuels. Ces brutes ou ces fascistes ne savent pas qu’elles sont des brutes ou des fascistes. Elles vont juste, spontanément, vers le pédé, puisqu’on peut y aller. Parfois, c’est la fille, le bon élève, le juif, le petit, le rouquin? Mais le pédé, voyez-vous, c’est open bar.
Il y a juste la fin de l'article qui me chagrine, où l'auteur cherche plus ou moins des excuses à Hanouna, alors qu'il a parfaitement décrit le mécanisme de domination perverse à l’œuvre juste avant :
Il me vient pas à l’esprit de penser que Cyril Hanouna est un fasciste. Je n’imagine pas qu’il soit homophobe. Je ne veux pas croire qu’il soit des ces lâches qui s’en prennent aux faibles. Je ne supposerais pas qu’il soit un pervers narcissique.
Mais il a peut-être reçu un courrier des avocats de MM. Hanouna et Bolloré, allez savoir...